Oui à la loi fédérale du 18 juin 2021 sur un train de mesures en faveur des médias

  • Les médias luttent pour leur survie : les recettes publicitaires des médias imprimés chutent ou vont alimenter les mastodontes que sont Facebook & Google. Celles du lectorat ne suffisent pas.
  • Des médias indépendants, forts et pluriels sont la condition sine qua non pour une véritable démocratie : ils garantissent que nous puissions nous informer sur ce qui se passe en politique, en économie et dans la société, aident à nous forger une opinion tout en permettant de révéler là où le bât blesse.
  • La loi garantit la pluralité médiatique en Suisse : elle soutient davantage les petits éditeurs locaux, ce qui permet aux informations locales de ne pas passer à la trappe. 
  • La loi soutient les médias en cette période de mutation puisqu’ils doivent se réorienter et s’adapter à l’ère numérique. C’est pourquoi la loi leur octroie un soutien financier initial temporaire.

***Sous réserve de la décision de l’assemblée des délégué-e-s du 15 janvier 2022***

Ces deux dernières décennies, les recettes publicitaires ont fondu de deux tiers. Recul aggravé par la pandémie : en 2020, les recettes ont baissé de 200 millions de francs par rapport à 2019, s’établissant à 727 millions. À l’inverse, nettement plus de 2 milliards de francs sont aujourd’hui consacrés à la cyberpublicité, dont la majeure partie alimente les grands groupes comme Facebook (Instagram) ou Google, et non les maisons d’édition suisses. Or, les médias traditionnels ne peuvent pas compenser de telles pertes par des abonnements et les cybermédias ne peuvent vivre de leur lectorat. Même les grands médias ne sont rentables que parce qu’ils ont déplacé ou élargi leur champ d’activité, en créant des cyberplateformes dédiées au logement ou au travail, et non parce qu’ils éditent un journal.

Afin d’améliorer les conditions dans lesquelles travaillent les médias et encourager une offre régionale plurielle, le Parlement a décidé de les soutenir par un train de mesures : elles vont de l’élargissement de l’encouragement indirect à la presse via un rabais à la distribution à un relèvement des contributions à la presse associative et des fondations, en passant par des contributions destinées aux cybermédias et à des mesures plus générales comme encourager la formation journalistique initiale et continue. À l’exception de ces dernières, les autres mesures sont limitées à 7 ans.

Pluralité et qualité des médias, un plus pour la démocratie

Des médias indépendants et forts sont la condition sine qua non d’une véritable démocratie : ils informent, aident à nous forger une opinion, accompagnent politique, économie et d’autres domaines de la vie courante en posant des questions critiques, ce qui permet de créer un espace public commun grâce aux débats et à l’échange des points de vue entre citoyennes et citoyens. Réseaux sociaux, blogs ou vidéos personnelles enrichissent ce dialogue, sans pouvoir remplacer les médias. Tout comme les autorités. Dans leur résolution « Des citoyennes et citoyens bien informés, garants d’une démocratie » de 2017, les VERT-E-S demandaient d’améliorer les conditions pour les médias, une revendication reprise par ce train de mesures.

Une aide aux médias équitable et largement soutenue

Cette aide soutient les médias dans leur transformation numérique. Confédération et Parlement y ont défini les piliers importants d’un soutien équilibré. Il s’agit d’un compromis défendu par les associations importantes de la presse et des syndicats. Étant dégressives, ces mesures profitent davantage aux petits médias qu’aux grands, ce qui permet de contrer la concentration extrême des titres et donc d’en renforcer la pluralité. La nouvelle aide pour les cybermédias les met désormais sur un pied d’égalité avec la presse traditionnelle, déjà soutenue par le passé. Grâce à la clé de répartition choisie, une moitié de l’argent va aux petits médias et l’autre aux grands. Étant limitée à 7 ans, il s’agit d’une aide initiale urgente pour la transformation numérique et non un subventionnement illimité. Enfin, et surtout, les conditions de travail dans le journalisme seront améliorées.

Maintien de la pluralité des médias régionaux

En cas de rejet, certaines régions ne disposeront plus de nouvelles sur la politique, l’économie, le sport ou la culture locale. En feront surtout les frais, les journaux ruraux et les offres novatrices qui favorisent la pluralité des opinions dans les régions périphériques. Quant aux grandes maisons d’édition, aux gratuits et aux journaux sponsorisés à coup de milliards, ils survivront. Il y aura davantage de contributions payées (p.ex. les publipostages), au détriment d’un journalisme professionnel et indépendant.

Un tableau détaillé des aides est disponible ici.