40 ans des VERT-E-S suisses: « On a toujours eu raison trop tôt »
Les VERT-E-S suisses fêtent cette année leur 40e anniversaire. L’occasion de jeter un œil en arrière avec le Neuchâtelois Christian Piguet, qui a assisté en 1983 à la fondation du parti national.
Christian Piguet, qu’est-ce qui vous a motivé à entrer en politique ?
Des lectures, comme « Halte à la croissance ? » (1973), mais aussi la conférence de l’ONU sur l’environnement à Stockholm en 1972. Touché par ces thèmes, c’était évident pour moi de rejoindre le premier parti écologiste.
Quels étaient les thèmes centraux défendus par les écologistes lors de la création de la Fédération des partis écologistes (FPE) ?
On demandait la pose de panneaux solaires, d’abandonner le nucléaire, d’interdire les phosphates dans les lessives, des trains au lieu de routes, le tri des déchets. Au début, on se moquait de nos propositions. Avec le recul, on constate qu’elles sont largement appliquées. Nous avons eu raison, mais trop tôt. C’était frustrant à l’époque, mais c’est aujourd’hui rassurant de constater qu’on avait raison. Cela prouve que les succès viendront !
Comment décririez-vous la FPE à ses débuts ?
La FPE était une structure très éclatée où les partis cantonaux s’ignoraient les uns les autres. Pour plus de cohésion, la FPE s’est vite transformée en Parti écologiste de Suisse, avec une présidence et un secrétariat.
Le climat, l’égalité, la solidarité faisaient-ils déjà partie des préoccupations Vertes ?
Oui, mais sous d’autres mots. La première déclaration politique de la FPE énonçait les critères pour l’action politique : le long terme, la qualité, l’humanisme, l’anti-technocratie, la décentralisation. Le long terme se comprend aisément. Par qualité, on entendait « croissance qualitative » et donc une décroissance de ce qui est quantitatif. L’humanisme traite de la dignité de la personne, qui doit être libre et responsable et luttant contre la technocratie. La décentralisation, c’est le principe de subsidiarité, selon lequel la responsabilité d’une action doit être exercée par l’organisation la plus proche des personnes concernées.
En regardant l’évolution du parti durant ces 40 ans, qu’est-ce que vous fait le plus plaisir ?
C’est de voir ce parti grandir tout en gardant une excellente entente entre ses membres. Chez les VERT-E-S, on se sent proche les un-e-s des autres.
Selon vous, quel ont été les moments marquants du parti suisse ?
L’élection de Daniel Brélaz au Conseil national en 1979. Le premier Vert élu dans un parlement national prouvait que nos convictions et nos combats avaient du sens. En 1991, la déconfiture des écologistes lors des élections fédérales a fait souffler un vent de panique dans le parti. Les Vert-e-s alémaniques disent Non à presque tout (EEE, FMI…) alors les Romand-e-s parlent de scission. Il a fallu une médiation de Laurent Rebeaud pour trouver des compromis et continuer à travailler ensemble.
Et pourquoi les VERT-E-S sont-ils toujours nécessaires aujourd’hui ?
Nous sommes le seul parti à nous préoccuper vraiment de notre avenir : la survie de l’humanité, face aux changements climatiques et la réduction de la biodiversité.
Christian Piguet est entré en politique en 1980, au sein du Mouvement populaire pour l’environnement, à Neuchâtel, un des nombreux groupements écologistes qui ont émergé dans les années 70 et 80. Depuis cette époque, il a presque toujours occupé un mandat politique. En 1983, il a participé à la création de la Fédération des partis écologistes de Suisse (FPE), nommé aujourd’hui les VERT-E-S suisses.