Nous, les Vertes et les Verts. Maintenant plus que jamais !  

Il y a des moments dans l’histoire, ou en politique, où il faut prendre une décision. 
Des moments qui remettent en question le statu quo.  
Des moments qui nous renvoient à nous-mêmes.
Des moments pour repenser l’habituel « train-train ».  
Ce sont des moments, où nous pouvons emprunter – ensemble – de nouvelles voies. 
Façonner le changement. 

Chères Vertes, chers Verts, 
Cari VERDI, 
Liebe GRÜNE, 

il y a des moments où la vérité est inconfortable. Le changement qui nous attend n’est pas facile. Capitalisme fossile ou économie verte? Pressurer populations et nature ou vivre ensemble en harmonie ? Le droit du plus fort ou la justice?

En 2023, nous, les VERTES et VERTS, nous voulons ouvrir un nouveau chapitre. Un chapitre différent. Le changement qui nous attend est fondamental. Il doit aller à la racine, être donc radical… et rapide. Les défis sont énormes. Pour nommer ce changement, il faut du courage. Pour façonner ce changement, il faut de la force, de la volonté, des convictions et se serrer les coudes. 

Il est bien plus facile de dire – comme le PLR, les Vert’libéraux ou les socio-démocrates – la technique va s’en charger. L’innovation va s’en charger. L’argent va s’en charger. Comme si la technique ou l’argent nous montraient d’eux-mêmes la voie. 

Il est bien plus facile de dire – comme le Centre, comme l’UDC, les milieux conservateurs – que le passé est le meilleur avenir. Comme s’il nous suffisait de rétropédaler suffisamment pour que la sécurité fantasmée du passé nous enveloppe à nouveau.  

Nous, les VERTES et les VERTS, nous qui représentons l’écologie politique, nous sommes les seul-e-s à avoir le courage de formuler cette vérité inconfortable : 

Si tout reste tel quel, il ne restera bientôt plus rien, tel quel. 

Continuer simplement sur notre lancée, resserrer quelques boulons… et tout ira bien : non, cela ne va pas. Revenir à la vieille normalité : c’est tout bonnement impossible. Nous sommes à la fin d’un chapitre de l’humanité. Des prétendues certitudes d’hier s’effondrent. Changer grâce au commerce ? La technique, synonyme de progrès ? 

Le capitalisme, gage de démocratie ? Prospérité pour tout le monde grâce à la croissance et la globalisation économiques ? Ces affirmations sont devenues vaines. Des formules creuses. Certaines fonctionnent encore à vide. Jusqu’à l’effondrement.  

Changer grâce au commerce. Vraiment ? 

La dépendance de l’Europe envers le gaz et le pétrole russes n’a guère renforcé la démocratie ou les droits humains en Russie, mais nous a rendus tributaires du va-t-en-guerre Poutine. 

La technique, synonyme de progrès. Vraiment ? 

Passer à la voiture électrique… mais laquelle ? Un de ces tanks électriques de la Côte d’Or zurichoise. Est-ce plus intelligent de charrier 80kg de chair humaine dans une caisse de 2 tonnes, lorsque le moteur n’est pas à l’essence ? Non. Là, je rejoins Habeck, lorsqu’il dit à juste titre que « le tournant de la mobilité ne se limite pas à électrifier les bouchons ».  

Le capitalisme, gage de démocratie. Vraiment ? 

En tout cas, la Chine, loin de prendre le chemin de la démocratie, se transforme en cauchemar de la surveillance hypersophistiquée, par des notes sociales et une surveillance en temps réel de sa population. Et l’évolution aux États-Unis fait également peur, tout comme l’avancée de l’extrême-droite dans les sondages ou élections de nombreux pays européens…  

Prospérité pour tout le monde grâce à la croissance et la globalisation économiques. Vraiment ? 

Grâce à l’économie fossile du tout-jetable, le Nord est devenu riche et le climat se réchauffe. C’est cependant le Sud qui en subit de plein fouet les conséquences. Si nous n’inversons pas la tendance, 3,5 milliards de personnes – surtout au Sud – vivront dans des régions dont la température moyenne – moyenne ! – sera de 29° Celsius en 2070. Aujourd’hui, moins d’un pourcent de la surface terrestre, surtout au Sahara, connaît une telle température. 

Nous sommes à la fin d’un chapitre de l’humanité. Et si nous n’écrivons pas ensemble un nouveau chapitre, ce sera la fin de l’histoire. 

Si tout reste tel quel, il ne restera bientôt plus rien, tel quel.  

Savez-vous ce qui m’a mis en colère ces dernières semaines ? Que la droite fasse campagne à coup de guerre contre l’écriture inclusive. Que la droite fasse campagne en excluant brutalement autrui. Que la droite fasse campagne à coup de polémique ridicule contre le service météo de la TV suisse alémanique.

Or, la situation est grave. Nous n’avons pas le temps de nous laisser distraire. Nous avons suffisamment de véritables problèmes… de fond. Que l’on twitte sur des étés plus frais ou plus chauds. Et quelle solution recommande une rédactrice en cheffe d’un journal loin d’être insignifiant ? À l’avenir, il suffira de prendre ses vacances d’été au printemps ou en automne. 

Et voilà le problème résolu. Ah, si seulement, cela pouvait être aussi facile !! 

Chères Vertes, chers Verts, 
Je ne suis pas fataliste, ni un pro du pessimiste, ni un alarmiste. Mais cette année, certaines choses me font peur.  

Trois faits.  

PREMIÈREMENT.  Au niveau mondial, juillet 2023 a été le mois le plus chaud depuis le début des mesures. Et pas qu’un petit peu. Il a dépassé de 0,3 degré le mois de juillet 2022, ancien détenteur du record… une augmentation gigantesque.

DEUXIÈMEMENT. En Antarctique, c’est l’hiver. Donc, le moment où la glace devrait se reformer. La glace reflète 90% du rayonnement solaire et empêche ainsi que l’eau se réchauffe. Mais cette année, la calotte glaciaire est au plus bas. Ce qui signifie que nos océans continuent à se réchauffer et le climat avec eux.  

TROISIÈMEMENT : la température de surface en Atlantique Nord. La différence de température se situe à plus de 1,5 degré de la moyenne de 1982-2011. Pour l’Atlantique Nord, 2023 a été l’année la plus chaude.  

Comme vous le voyez… c’est vraiment sérieux.  

Nous assistons en ce moment à des scénarios que les scientifiques considéraient comme aberrants et donc improbables. Ces 2 ou 3 dernières décennies, les valeurs n’ont cessé de se déplacer sur les systèmes de mesure… nous risquons d’atteindre bientôt des points de rupture, des points de non-retour.  

Si tout reste tel quel, il ne restera bientôt plus rien, tel quel.

Mais j’aimerais ajouter une chose : Je ne veux pas que vous ayez peur mais susciter en vous de la colère, pour vous donner du courage et l’envie d’agir et de trouver des solutions. Il n’est pas question de renoncer. Et je peux vous faire une confidence : Lorsque l’on a un enfant, on ne renonce pas à l’avenir. J’adore réussir, pas échouer…  

Nous, les VERTES et VERTS, nous adorons réussir, pas échouer !  

C’est pourquoi nous nous engageons toutes et tous pour la dernière ligne droite de notre initiative pour un fonds climat.  
C’est pourquoi nous voulons lancer aujourd’hui notre initiative solaire.  
C’est pourquoi nous voulons davantage d’égalité, davantage de démocratie et davantage d’inclusion.
C’est pourquoi nous nous engageons toutes et tous pour la dernière ligne droite de notre initiative pour un fonds climat. 

Pour un nouveau pacte Vert. Parce que le tournant climatique ne peut être juste, que s’il devient une tâche collective assurée par les pouvoirs publics. Et un tournant climatique juste a besoin d’être équitablement financé : ensemble les 10% les plus riches réchauffent davantage le climat que les 50% des Suissesses et Suisses les plus pauvres. 

C’est pourquoi nous voulons lancer aujourd’hui notre initiative solaire.  

Parce que nous savons que le soleil nous donne – ne serait-ce que sur les surfaces appropriées déjà construites – plus qu’assez d’énergie pour fournir toute la Suisse en courant. Au lieu de centrales d’urgence, fossiles et coûteuses, nous avons besoin d’une énergie solaire toujours plus avantageuse.  

Nous voulons investir dans un avenir sans carbone et non plonger davantage dans la vieille dépendance fossile. Et économiquement parlant, c’est tout à fait pertinent : parce que le soleil brille gratuitement ! 

C’est pourquoi nous voulons davantage d’égalité, davantage de démocratie et davantage d’inclusion.  

Nous luttons – pied à pied – pour réaliser l’égalité entre les genres. Pour le droit de participer à la démocratie, même pour les personnes sans passeport suisse. Et, aujourd’hui, nous déciderons de soutenir l’initiative pour l’inclusion, qui garantit que les personnes en situation de handicap auront les mêmes droits et chances dans notre société. Nous savons que les solutions pour le futur sont là. Et nous luttons, plus que jamais, pour un futur où il fait bon vivre, un futur digne pour toutes et tous.  

Nous ne voulons pas gérer les catastrophes. Non : nous voulons façonner le changement. Ensemble. 
Nous, les VERTES et VERTS ! Maintenant plus que jamais !  

Discours présidentiel (pdf)