Nous lançons une initiative pour un congé parental
Sans congé parental, les inégalités créées par la grossesse sont une barrière à une société juste et qui encourage les familles.
En Suisse, avoir des enfants est un risque pour les femmes, risque que beaucoup d’entre nous ne prennent plus. Trouver un système de garde, retourner au travail après un congé maternité trop court et un congé paternité ridicule, lutter contre un partage inégal des tâches domestiques, c’est une gymnastique familiale complexe.
La Suisse est un pays riche, mais qui favorise un modèle familial traditionnel qui pousse les femmes à rester à la maison. S’il y a eu quelques avancées sur les deux dernières décennies (en particulier le congé paternité), il manque des solutions d’envergure pour porter une politique familiale favorable aux deux parents et aux enfants. Dans de nombreux endroits, crèches et écoles à journée continue font défaut et les frais – pouvant atteindre 130 francs par jour – sont dissuasifs. Bien souvent, cela ne vaut financièrement pas la peine que la mère réintègre le monde du travail, ancrant définitivement les inégalités dans la famille… La Confédération fait l’impasse sur des objectifs ambitieux en se défaussant sur les cantons. Cependant, il est de son devoir de soutenir les familles et de permettre une réelle conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Car ce n’est qu’avec cet appui que l’égalité de droit deviendra une égalité de fait. Et le congé parental, soit un temps chômé égal des deux parents après la naissance de leur enfant, est un élément de réponse clé.
La même chance pour les deux parents
Comment concevoir ce congé parental pour qu’il ait l’effet souhaité à terme ? Cette question a poussé une large alliance interpartis et syndicale à choisir la voie d’une initiative populaire fédérale. Nous voulons une solution qui offre aux deux parents la même opportunité de faire fructifier leurs compétences et leurs souhaits professionnels, mais aussi de vivre une vie familiale apaisée. Une égalité effective va de pair avec le partage équilibré des tâches familiales et professionnelles. Une solution paritaire, où les deux parents sont plongés à égalité dans la vie familiale, simplifie la réinsertion des mères et permet aux pères de s’impliquer pleinement dans leur parentalité. Des études montrent que les pères qui se sont très tôt occupés de leurs enfants sont à terme plus impliqués dans les tâches éducatives et que les rapports entre les deux parents sont plus sereins.
D’autres pays européens montrent la voie : de bonnes structures pour les familles, ainsi que des programmes encourageant les femmes dans les positions de cadre ou des professions majoritairement occupées par des hommes (où les salaires sont généralement plus hauts) sont monnaie courante. De telles offres manquent en Suisse, ce qui entrave la vie des parents et rend plus difficile pour les femmes de mener une carrière ambitieuse et complète. Les mesures en faveur de l’égalité sont importantes pour des raisons de justice sociale, mais aussi économiques : la Suisse ne peut pas se permettre de perdre les compétences professionnelles des femmes ou de les dégouter d’avoir une famille. Ce n’est qu’ensemble, au sein d’une large alliance, que nous trouverons des solutions renforçant l’égalité et les familles.
Léonore Porchet|conseillère nationale VD