Pour le climat, une société égalitaire et la biodiversité

« Transformer un zombie en monstre » : c’est ce qu’a décidé le Conseil fédéral pour la place bancaire dimanche dernier. Si le climat était une banque, le Conseil fédéral l’aurait sauvé depuis longtemps.

À la place, nous avons désormais un monstre bancaire, l’UBS+ :
Une telle banque n’est pas seulement trop grande pour faire faillite [too big to fail],
mais aussi trop grande pour être cautionnée [too big to bail].
Trop grande donc pour lui fournir une garantie effective de l’État.
Trop grande pour intervenir lors d’une prochaine crise.

Chères VERTES, chers VERTS, 
Cari Verdi 
Liebe GRÜNE 

Une nuit a suffi pour mettre à l’abri le portefeuille pourri du Credit Suisse. Enrobé des 209 milliards de couverture de la Banque nationale et de la Confédération. Si tout va bien, l’UBS a fait une bonne affaire, sans s’engager de devenir durable. Si tout va mal, les contribuables passeront à la caisse… pour une somme astronomique… inimaginable.

Je vais quand même essayer de vous donner une idée de ce que cela représente : à eux seuls, les 209 milliards de la garantie directe de la Confédération permettrait de financer le fonds climat de notre initiative jusqu’en 2050 ! Et je persiste : si le climat était une banque, le Conseil fédéral l’aurait sauvé depuis longtemps.

Pire, comme si ce scandale sans nom n’était pas suffisamment scandaleux. Pour notre ministre des finances, Karin Keller-Sutter, le plus important était que cette affaire ne soit pas une « aide de l’État ». La Confédération n’a donc absolument rien obtenu en échange :

Ni que la nouvelle UBS stoppe les bonus
Ni qu’elle dédommage ultérieurement la garantie effective de l’État.
Ni que ce monstre soit rapidement réparti en plus petites unités
Ni des garanties pour le nombreux personnel.

Et surtout pas un engagement que ce nouveau monstre bancaire devienne plus durable, que ce futur monstre bancaire cesse de réchauffer le climat pour faire partie de la solution.

L’État ne peut allonger 209 milliards de francs qu’à condition de respecter les objectifs climatiques. Telle est notre revendication. Une place financière durable et d’avenir doit prendre en considération les risques climatiques, car ces risques sont aussi des risques financiers on ne peut plus réels. Si tout va bien, l’UBS a fait une bonne affaire, sans s’engager de devenir durable. Si tout va mal, les contribuables passeront à la caisse.

***

Nous défendons d’autres intérêts, chères VERTES, chers VERTS, les intérêts de Madame et Monsieur tout le monde, et des solutions qui répondent à la plus grande préoccupation de la population suisse : la justice climatique.

Et nous avons soif d’avenir.

« Oui, soif d’avenir, nom d’une pipe ! » comme a titré le magazine alémanique « Republik » un vibrant plaidoyer pour agir ensemble en faveur d’un avenir collectif.

Chères déléguées, chers délégués, chères Vertes et chers Verts, chères assoiffées et chers assoiffés d’avenir : nous trouvons que ce titre nous va, à nous les VERTES et les VERTS, comme un gant, il convient au lancement de notre campagne et comme maxime de ce discours :

Le « Oui » convient : Oui au changement pour le climat, oui au changement pour la liberté, pour une société plurielle. Oui au changement vers une vie meilleure.
La « soif d’avenir » convient : nous voulons créer un futur qui ait de l’avenir pour tout le monde.
L’avenir, c’est ce que nous créons maintenant, ce qui fait sens aujourd’hui pour nous, c’est d’où nous puisons notre espoir pour demain.

La politique n’est pas simplement l’art du possible. La politique doit aussi être l’art du changement, l’art de rendre l’inimaginable, imaginable et l’imaginable, possible.

« Nom d’une pipe » convient : un peu grossière, l’expression, je l’admets, mais je trouve qu’elle convient. C’est l’expression de la détermination avec laquelle nous disons Oui, l’expression de l’insistance avec laquelle nous tapons sur la table. Ça suffit ! Ça suffit de nier et de minimiser le changement climatique ! Ça suffit de dire sempiternellement Non. Ça suffit avec vos controverses bidon ou vos débats-exhibitions. Ça suffit de vous cramponner à vos privilèges, de vous accrocher à un capitalisme fossile prédateur et destructeur. Ça suffit !

Cependant, ce « ça suffit » nous aide simplement à démarrer pour défendre nos rêves et nos visions et les mettre en œuvre. Ici et maintenant.

Comme les Aînées pour la protection du climat, qui tirent leur force de leur vulnérabilité. Comme les grévistes du climat, qui puisent leur courage – et certes parfois leur colère – de leur consternation.
Comme les féministes qui, grâce à leur réseautage et à leur opiniâtreté durant des années, ont réussi à réformer en profondeur le droit pénal sexuel
Comme les activistes queer dont l’engagement a permis le mariage pour toutes et tous, comme les secondas et secondos, qui luttent inlassablement pour une Suisse inclusive et ouverte,
Comme toutes et tous les autres avec qui nous voulons changer de cap vers un avenir Vert et arc-en-ciel, vers la liberté pour toutes et tous, vers une vie meilleure. C’est de cela, d’un tel avenir, dont nous avons soif !

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Chères déléguées et chers délégués,

C’est cette soif d’avenir qui nous porte aujourd’hui vers la campagne pour les élections fédérales et vers sa première étape décisive : la votation de juin pour la protection du climat.

Ces trois dernières années, une crise en a chassé une autre. Il a fallu constamment redéfinir nos repères. C’est épuisant. C’est pour cette raison que nous aspirons, aujourd’hui plus que jamais, face à l’urgence climatique et de la biodiversité, à un changement en profondeur. Pour dessiner une autre façon de vivre ensemble, dans et avec la nature, une autre économie. Qui nous offre résilience.

Aujourd’hui, nous nous lançons dans la campagne avec espoir. Un espoir nourri par toutes les personnes qui s’engagent, les grèves du climat, la plainte des aînées pour la protection du climat à la Cour européenne des droits de l’homme, vous toutes et tous féministes, qui préparez le 14 juin, les activistes LGBTIQ* qui réinventent les codes, les secondas et secondos, les migrantes et migrants qui s’organisent pour faire entendre leurs voix dans le Parlement des réfugié-e-s. Ce sont ces engagements que nous faisons résonner au sein du Parlement.

D’aucunes et d’aucuns s’imaginent qu’après la petite révolution – qui a fait entrer tant de Vertes et de Verts, tant de jeunes et de femmes, au Parlement – se tassera, que tout rentrera dans l’ordre. Détrompons-les ! Avec toutes celles et tous ceux qui veulent du changement, un changement en profondeur, pour le climat, pour l’égalité, pour une société libre de discrimination, pour la diversité de notre nature, mobilisons-nous !

Quand l’histoire s’accélère, on ne revient pas en arrière. Mais ces accélérations déclenchent des réactions. On s’agrippe à ses privilèges ici, on parle de radicalisme-là.

Et oui, ces réactions nous ciblent tout particulièrement, nous les Vertes et les Verts, car nous incarnons le changement, nous l’osons et le voulons. Nous sommes prêtes et prêts à nous remettre en question, à déconstruire les rôles, les stéréotypes. Pour nous émanciper. Nous sommes prêtes et prêts à confronter de puissantes et riches sociétés de négoce. Nous sommes prêtes et prêts à questionner un Wohlstand, une prospérité inéquitable, pour valoriser le temps plutôt que l’argent, les liens plutôt que l’accumulation de biens.

Et oui, nous remettons en question le Conseil fédéral. Et voulons le changer.

C’est aussi pour cette raison que cette élection est si importante.

Pour cette mobilisation historique, nous pouvons compter sur nos forces. Nos 28 parlementaires au Conseil national et nos 5 conseillères et conseillers aux États qui ont œuvré avec compétence pour saisir chaque opportunité au sein du Parlement. Nos conseillères et conseillers d’État qui rendent réel au quotidien et sur le terrain le changement dont nous avons besoin. Nos nombreuses élues et nombreux élus dans les cantons et les communes, où nous n’avons cessé de nous développer. Et nos 13’000 membres, soit 28% de plus que lors des dernières élections.

Chères déléguées et chers délégués, ayons confiance, avec détermination !

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La majorité bourgeoise est aveugle, alors qu’il est pourtant clair que le capitalisme fossile et destructeur mène dans une impasse. Une question : qui en témoigne le plus nettement ? le scandale du Credit Suisse ? ou le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ? Les anciennes hiérarchies sont obsolètes. Le monde n’est plus blanc, patriarcal, colonial. Il est bigarré, pluriel et il a besoin de changer de système.

Nous, les VERTES et les VERTS, faisons partie de ce nouveau monde, bigarré et pluriel, et contribuons à le façonner. Nous ne menons pas de combats d’arrière-garde aigris contre l’écriture inclusive. Nous ne traitons pas les gens conscients de délirants.

Nous croyons à la force du « nous ». À une démocratie vivante. Nous voulons :

Changer de cap pour le climat, dans un monde où les énergies renouvelables sont utilisées efficacement, où nous récoltons l’énergie solaire sur les toits et les façades, des fermes, des bâtiments industriels, des centres communautaires ou des places de parcs.

Changer de cap pour la liberté, dans un monde où toutes les personnes jouissent de la même liberté. Toutes et tous différents, tous et toutes égales. Le monde est bigarré et l’avenir nous appartient à nous toutes et tous !

Le mariage pour toutes et tous ? Oui, bien sûr : il y a suffisamment de mariages pour tout le monde !

Oser davantage de démocratie : Oui, bien sûr… il y a suffisamment de démocratie pour tout le monde ! Suffisamment de démocratie pour les jeunes, pour le droit de vote à 16 ans, suffisamment de démocratie pour nos quatre quarts, qui vivent et habitent ici !

Protection contre les discriminations : Oui, bien sûr, il y a suffisamment de respect pour nous toutes et tous ! Exclure et dévaloriser sont signes de faiblesse, pas de force.

Changer de cap pour une vie meilleure : croquons la vie à pleines dents, au lieu de végéter seul-e dans sa monstre voiture prise dans un bouchon. Une vie dans des villages et des quartiers urbains Verts et non sur des routes grises. Planter mille arbres au lieu de bétonner des routes ! Des magasins de quartier, des crèches, un jardin communautaire pour les mains vertes ou un boulodrome sous les platanes pour jouer à la pétanque : tout à proximité. Vivre c’est bien davantage que simplement habiter. Avoir du temps pour vivre, intensément, pour être simplement là. L’important à proximité : logements pour les grands-parents. Et un espace de co-travail lorsque ni l’équipe, ni le bureau n’ont aujourd’hui besoin de moi.  

Un monde où nous veillons à la nature, à petite ou à grande échelle, du papillon à la forêt pluviale et aux océans en passant par les glaciers et les paysages, car la biodiversité a une valeur inestimable, à petite ou à grande échelle. Un monde, dans lequel nous, en tant que société, nous dictons la cadence à l’économie et non l’inverse, comme nous en faisons l’expérience actuellement. Dans lequel nous obligeons les multinationales et les marchés à respecter les droits humains et la protection environnementale et à se mettre au service de la population au lieu d’alimenter les guerres des Poutine de ce monde. Un monde où l’économie circulaire recycle ce qui a de la valeur. Un monde sans « production industrielle d’animaux », mais avec une agriculture locale, biologique et soucieuse du bien-être animal. Un monde enfin, dans lequel nous nous permettons d’être au calme et de nous ressourcer. Où la prospérité se mesure en temps plus qu’en argent. Où nous prenons le temps de rêver… et la liberté de questionner le système. Car une chose est sûre : si tout reste tel quel, il ne restera bientôt plus rien, tel quel. C’est pourquoi espérer rime avec changer. C’est pourquoi changer signifie espérer : un monde où l’on vit bien… pour le bonheur de toutes et tous partout, maintenant et à l’avenir.

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Chères amies, chers amis, face aux conséquences du réchauffement climatique, la seule réponse est la solidarité. Solidarité avec les femmes et les hommes tout autour de la planète, la solidarité avec les générations futures, aussi.

Pourtant, alors que l’on vit une pénurie de main d’œuvre sans précédent, que les soins assurés aux malades dans les hôpitaux ou que la rénovation énergétique des bâtiments sont compromis par le manque de personnel, les vieux ressorts de l’UDC couvrent les journaux et la migration redevient une “préoccupation”.

Plus que jamais, la migration fait partie de la solution. Plutôt que mettre des barrières, trier, dénigrer, nous devons inclure. Permettre et accompagner l’accès au travail, à un travail digne, correctement rémunéré et reconnu.

Les VERT-E-S ont le sens des responsabilités. Responsabilité de garantir les droits et l’inclusion de toutes les personnes migrantes, responsabilité de reconnaître et de développer leurs compétences pour le marché du travail et responsabilité d’aménager notre Suisse pour vivre bien, ensemble. Face aux milliers d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens fuyant la guerre d’agression insupportable contre leur pays, nous sommes fiers d’être dépositaires des Conventions de Genève.

Face aux morts dans la Méditerranée, nous revendiquons une Europe de la protection et de l’accueil, à laquelle nous voulons participer. Face aux Afghanes et Afghans, Iraniennes et Iraniens qui fuient la persécution et le démantèlement des droits des femmes en particulier, nous revendiquons un traitement égal.

À la bureaucratie sécuritaire, inefficace et dispendieuse, les Vertes et les Verts répondent avec réalisme par la solidarité. Qui permet à chacune et chacun de pouvoir contribuer à notre cohésion commune.

C’est vrai, la Suisse n’est pas un grand pays et la pénurie de logements est douloureuse dans les villes. On entend parfois les réticences de la population à densifier. Ces réticences, je les comprends, quand les villes étouffent sous les îlots de chaleur et quand les nouveaux projets sont un festival de béton avec toujours plus de voitures. Mais ce n’est pas une fatalité.

On peut et on sait construire autrement. À Meyrin, l’ancien maire vert Pierre-Alain Tschudi a fait sortir de terre un quartier de 3’000 personnes sur 16 hectares dans une démarche participative novatrice. 3’000 personnes sur 16 hectares, on se dit que c’est étroit, mais quand on y est, on n’a qu’une envie : y rester. Les voitures ont disparu dans ce quartier qui foisonne de vert, tout en assumant son urbanité. De nombreuses coopératives, un supermarché participatif paysan pour valoriser la production locale, une crèche, une école.

Et les villes font leur part. Encore tout récemment, les habitantes et habitants de la ville de Genève ont accepté de densifier un petit quartier de villas dans un hyper-centre ultra compact. Les Villes s’engagent et apportent leur contribution pour permettre de préserver les campagnes, l’agriculture et la nature sauvage.
Nous, les Vertes et les Verts, sommes fiers de transformer les villes et de préserver le territoire.

Mais nous sommes aussi les seul-e-s à oser le débat sur la croissance économique purement quantitative. À proposer une autre économie, relocalisée, qui préserve les ressources naturelles et rapproche la production de la consommation.

Ne nous laissons pas distraire. 2023 est une année avec soif d’avenir !

Mobilisons-nous pour mettre l’urgence climatique, la biodiversité et l’émancipation au centre des opinions, des débats et des préoccupations.

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Nous, les VERTES et les VERTS, nous nous tournons vers le monde, au lieu de nous en détourner. Nous nous tournons vers l’avenir, au lieu de le fuir. Comme a dit Greta Thunberg : « les informations sur la crise climatique ne sont jamais aussi déprimantes que le fait qu’elles soient ignorées ». Comme c’est le cas du dernier rapport du GIEC. L’avenir dépend de nos décisions. Et une décision qui donnera le ton, tombera le 22 octobre 2023.

Nous luttons avec la force du nous, la force de l’arc-en-ciel, la force des Aînées pour la protection du climat, qui tirent leur détermination de leur vulnérabilité, la force des grévistes du climat, qui puisent leur courage – et certes parfois leur colère – de leur consternation.

Le changement pour l’avenir, c’est nous.

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Oui, nous voulons changer le système, oui, nous voulons changer de cap pour protéger le climat, nous voulons la liberté pour toutes et tous, nous voulons du Vert et non du gris. Nous, les VERTES et les VERTS, nous connaissons la force et la nécessité de rêver…. mais nous savons aussi que le chemin, que le progrès se fait pas à pas, à petite ou grande échelle, un premier pas, c’est la loi sur la protection du climat, malgré toutes ses lacunes. Ne pas oser faire le premier pas signifie s’arrêter à jamais.

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Changer de cap pour le climat
Changer de cap pour la liberté
Changer de cap pour la qualité de vie!

Mieux vivre, avec passion et soif d’avenir !

C’est parti !