Le libre choix de l’école: une fausse bonne idée
Dans plusieurs cantons suisses, le lobby des parents veut introduire le libre choix de l’école par voie d’initiative populaire. Les Verts estiment que cette revendication va beaucoup trop loin. Ils s’en expliquent dans une prise de position qui vient d’être votée par le Bureau du parti. Des représentants des Verts et des spécialistes de l’éducation ont présenté leurs arguments lors d’une conférence de presse lundi à Berne.
Les Verts estiment très important que les écoles non étatiques fassent usage de la liberté qui leur est laissée d’explorer de nouvelles pistes pédagogiques, comme le souligne Felix Wettstein, enseignant à la Haute Ecole professionnelle du Nord-Ouest de la Suisse. Le secteur public peut ainsi bénéficier du fruit des expériences menées dans les écoles privées. Il est donc normal que leur travail soit reconnu par la collectivité, notamment par le biais d’un soutien financier.
EVITER DES SURCOÛTS INUTILES
Il en irait bien autrement si les écoles privées et publiques étaient toutes également financées par l’Etat au prorata du nombre d’élèves scolarisés en leurs murs. Wettstein énumère les trois raisons principales qui poussent les Verts à rejeter le libre choix de l’école : la désolidarisation, le tourisme scolaires et les problèmes insolubles que pose ce modèle au niveau de la planification. Selon Philippe Martinet, député au Grand Conseil vaudois, qui cite une étude de l’Université de Berne (1998), « la simple nécessité de construire de nouveaux bâtiments et de nouvelles lignes de transports pour permettre aux parents de choisir leur école augmenterait les coûts de 25 % ».
L’EXEMPLE DU CANTON DE BERNE
Bernhard Pulver, directeur de l’instruction publique du canton de Berne, témoigne des perspectives ouvertes par une récente modification de la loi scolaire bernoise. La loi assouplit les conditions cadres pour les petites écoles privées mettant en œuvre des pédagogies novatrices. Ces établissements peuvent prétendre à un soutien de l’Etat dès lors qu’ils répondent à un besoin durable au sein de la population. Ce qui permet à Bernhard Pulver d’affirmer à bon droit qu’« il est possible de soutenir les écoles privées sans devoir transformer le système de fond en comble » – au contraire des lourdes réforme que le libre choix de l’école imposerait à l’école publique et au corps enseignant, sans aucune garantie de résultats. La conseillère nationale Maya Graf est très claire à ce sujet : « Nous devons mettre toutes nos ressources et notre force d’innovation au service du système scolaire actuel, et ne pas les gaspiller dans de dangereuses expérimentations.»
La prise de position des Verts suisses sur le libre choix de l’école peut être consultée sur ce site sous la rubrique politique/résolutions.