La Suisse affronte un double défi économique. A court terme, la crise du franc fort menace notre économie, compromettant des emplois, une politique salariale durable et équitable ainsi que le développement de l’industrie et du secteur des services. A long terme, le changement climatique, la perte de biodiversité et la raréfaction de matières premières essentielles mettent en péril notre qualité de vie et les chances de développement du Sud.

Nous en sommes convaincus : rien ne sert de dresser ces deux défis l’un contre l’autre, comme le fait la droite conservatrice en refusant tant l’économie verte que le tournant énergétique. La Suisse devra au contraire se doter d’une politique économique qui les relève de façon cohérente, qui crée des emplois durables, qui favorise le commerce équitable et de proximité et qui préserve nos bases existentielles que sont les ressources naturelles. Au lieu de la sous-enchère fiscale et salariale et de l’isolationnisme des partis bourgeois, il s’agit de mener une politique économique qui lance la nécessaire modernisation écologique et l’innovation économique. Or, seule l’économie verte y apporte des solutions.

PROMOUVOIR LA TRANSITION DE NOTRE ÉCONOMIE

  1. METTRE LA POLITIQUE FINANCIÈRE ET MONÉTAIRE AU SERVICE DE L’ÉCONOMIE RÉELLE. La Banque nationale suisse doit continuer sa politique des taux d’intérêt négatifs, ne s’appliquant pas aux assurances sociales, afin d’atténuer la force du franc. Cependant, pour stabiliser le système financier, la Suisse devra se doter d’un objectif de taux de change ainsi que de mesures d’accompagnement afin de limiter la spéculation monétaire. Il faut taxer les transactions financières, limiter la spéculation à haute fréquence, relever les fonds propres obligatoires des banques et évaluer le système de création monétaire. Pour éviter que l’euro ne s’affaiblisse davantage au détriment du franc, le Conseil fédéral doit s’engager pour trouver une solution équitable dans le bras de fer européen autour de la dette, et non mener une politique d’austérité idéologique.
  2. CRÉER DES CONDITIONS FAVORABLES À UNE ÉCONOMIE PLUS VERTE. La transition écologique de notre économie permet de réduire les coûts et de créer des emplois durables. Nous voulons ancrer l’objectif de préservation des ressources dans la loi, en tenant compte également de l’impact environnemental à l’étranger de nos importations. Nous rejetons tout investissement dans des projets ou technologies, tels que le fracking ou les centrales à gaz, qui sont facteurs du changement climatique et freins à l’économie verte. Nous voulons également prescrire la sortie rapide du nucléaire. De même, il faut des incitations pour développer les énergies renouvelables, le recyclage, l’efficience énergétique et matérielle et pour diffuser les technologies propres. La finance durable et les investissements dans le cleantech peuvent être soutenus par des mesures financières et fiscales et une stratégie adéquate des instituts financiers. Notre objectif vise une économie circulaire valorisant les déchets comme matières premières et ne polluant pas. La réforme écologique de l’économie est extrêmement efficace, et absolument pas illusoire, si elle est mise en œuvre de façon déterminée !
  3. LA QUALITÉ DE VIE PLUTÔT QUE LA SOUS-ENCHÈRE FISCALE. Défendre une politique économique durable signifie promouvoir une bonne infrastructure publique, des salaires équitables, un bon système de formation ainsi que l’intégration du personnel étranger. Nous rejetons la réduction de l’imposition des entreprises, en veillant au maintien de l’emploi et des recettes fiscales, en particulier dans les cantons comptant beaucoup d’entreprises à statut spécial. Car la réduction des taux d’imposition pour les grandes entreprises entraîne plus de charges pour les PME et la population ou des coupes budgétaires, notamment dans les domaines de l’éducation, du social et de l’environnement. Nous voulons axer la Promotion économique 2016-19 de la Confédération sur les entreprises durables et innovantes. Les branches économiques particulièrement touchées par le franc fort, telles qu’une partie du tourisme et des filières d’exportation, devront bénéficier d’un soutien fédéral et cantonal pendant la crise.
  4. COMMERCE ÉQUITABLE PLUTÔT QUE SOUS-ENCHÉRE ÉCOLOGIQUE. Ainsi pour les matières premières et les produits importés tels que denrées alimentaires, produits en bois et textiles, les exigences en matière de l’écologie et de droit de travail doivent être clarifiées. Nous nous engageons pour qu’elles soient définies au niveau légal, ancrées dans les accords de libre-échange, mises en œuvre par la responsabilité des entreprises et prises en compte de façon exemplaire lors des achats publics. Nous pouvons ainsi protéger les droits humains, préserver des écosystèmes et éviter de saper la qualité des produits suisses. Ces mesures réduisent parallèlement la pression à la délocalisation en promouvant les entreprises durables et en punissant celles qui ne respectent pas les minimas écologiques et sociaux.
  5. LA NUMÉRISATION POUR UNE INNOVATION DURABLE. Après la machine à vapeur, l’électricité et l’électronique, une quatrième révolution industrielle émerge à travers la numérisation et des technologies telles que l’impression en 3D. Cette « industrie 4.0 » offre de grands potentiels pour une utilisation économe des ressources car l’offre et la demande seront mieux harmonisées. Nous voulons utiliser ces potentiels au profit de l’efficience des ressources et de la place économique suisse. Il s’agit de clarifier rapidement les opportunités de l’industrie 4.0 pour nos PME et évaluer ses risques pour le monde du travail et la protection des données afin d’assurer que notre pays ne rate pas le coche.

PRENDRE DES MESURES POLITIQUES
En déposant une série d’interventions parlementaires, les Verts s’engagent pour une économie écologique et équitable qui résistera mieux aux crises. Une liste des mesures revendiquées se trouve en annexe.

Résolution (PDF)