Le temps des décisions

Il y a 50 ans, dès que l’on égratignait l’image ou les rouages bien huilés de la bourgeoise suisse, on se voyait gratifier d’un « Moscou aller simple ». 

Il y a 30 ans, l’Union soviétique a implosé et Francis Fukuyama, politologue renommé, a décrété « la fin de l’histoire », 
car le système capitaliste bourgeois avait gagné :
le marché dirigeait tout, il avait le dernier mot. 
Le commerce déréglementé et la croissance infinie devaient permettre – comme par enchantement – de développer également la démocratie à l’infini.
C’est pourquoi tout devait être entrepris pour favoriser le commerce au sein de la concurrence mondialisée.
Quiconque mettait en doute ces principes, 
quiconque remettait en question la durabilité de ce modèle faisait preuve… 
d’angélisme, de naïveté, ou pire « crachait dans la soupe », 
on n’était qu’un ou une pénible « droit-de-l’hommiste »,  
qu’un ou une incorrigible idéologue.  

Et personne ne le sait mieux que les Zougoises ou les Zougois qui, des décennies durant, ont désapprouvé haut et fort le modèle « extraterritorial » de leur canton, un modèle du profit à court terme et des magouilles : 
magouilles avec Poutine, 
magouilles avec les entreprises étatiques russes et celles ou ceux qui les représentent, comme Gerhard Schröder,
magouilles avec les oligarques à la grâce de Poutine. 

Chères Vertes et chers Verts,
Cari Verdi,
Liebe GRÜNE,

Trente ans après la « fin de l’histoire », le successeur des despotes soviétiques, a ramené la guerre en Europe 
Une guerre qui, même 6 mois plus tard, ne laisse que décombres et souffrance indescriptible au sein de la population civile, ville après ville. 
Une guerre… qui a commencé il y a bien plus longtemps, il y a des années déjà. Avec la répression d’une presse indépendante, des milieux de défense des droits humains et de l’opposition politique et économique. 
Avec les bombes en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie. 
Avec l’annexion illégale de la Crimée – au vu et au su de toute la planète. 
Une guerre également que Poutine alimente grâce à la vanne du gaz et du pétrole, car notre système en est dépendant comme d’une drogue. 
Une guerre qui incarne douloureusement ce que montrent – on ne peut plus clairement – les conséquences les plus dramatiques de la crise climatique depuis des années : notre société du tout-jetable a cru – et croit encore – à une croissance sans limite, attisée par le pétrole. Elle s’est crue – et se croit encore – être l’apogée et la fin de l’histoire, mais elle n’a aucun avenir. Elle vacille en ses fondements. 

Il n’y a pas de fin de l’histoire. 
Il n’y a que l’arrogance d’y croire. 
L’arrogance de celle ou de celui qui croit au marché, qui pense que « la puissance invisible du marché libre » dirige tout, de toute éternité.

Même notre Conseil fédéral opère selon cette idéologie, comme si rien, ou presque, ne s’était passé ces derniers mois : appliquer le plus possible les vieilles recettes. Surtout ne pas s’immiscer dans le marché. Et Ueli Maurer de montrer l’exemple : fermer les yeux, se boucher les oreilles… et parfois également le nez, lorsqu’il s’agit de l’argent des oligarques, de la Suisse comme paradis fiscal ou plaque tournante des matières premières. 
Surtout pas ne pas toucher à la Suisse, ne pas la changer ! 
Nous, les VERTES et les VERTS, nous œuvrons pour une Suisse dont le fondement est responsable, plus stable, sans carbone,
pour une Suisse qui ne veut plus faire de profit dans les coulisses de l’histoire. Comprenez-moi bien : je n’ai rien contre les idéologies. Ce terme se réfère à des visions du monde, à des attitudes profondes, à des valeurs – et aux idées – et donc à la politique. 
Par contre, je m’oppose à l’idéologie pour qui la croyance dans le marché n’en est pas une. 
Je m’oppose à une foi dans le marché qui se fait passer pour du pragmatisme, car elle ne voit plus – ou ne veut plus voir – l’idéologie qui s’y cache.
Je m’oppose à une idéologie qui nie la politique, car elle conçoit les règles actuelles du marché comme une loi naturelle à laquelle la politique devrait se plier. Et qui, par conséquent, repousse toute responsabilité, envers les êtres humains, envers le climat, envers l’environnement. 

Comprenez-moi bien : je n’ai rien non plus contre le marché. Mais c’est une réalisation humaine, pas une fin de l’histoire de droit divin, ni un état de nature primitif. Tout marché n’est façonné que par des lois ou réglementations politiques et c’est ce cadre qui décide si le marché rend les riches encore plus riches et l’environnement encore plus malade – ou s’il éveille l’esprit novateur en faveur de solutions d’avenir. 
Des solutions d’avenir, mues par l’idéal de donner à notre économie et à notre société un fondement plus juste et plus durable. 

Je veux bien être idéologue, lorsque cela signifie défendre des valeurs : justice, solidarité, durabilité et valeurs Vertes.
Je veux bien être idéologue, lorsque cela signifie avoir des objectifs, des objectifs politiques, des objectifs Verts. 
L’objectif d’une politique extérieure plus juste, plus féministe et plus démocratique. La transformation DU commerce et NON PAR LE commerce. 
L’objectif d’une politique sociale qui veille au bien-être des plus vulnérables.
L’objectif d’une politique environnementale qui ne soit pas une simple formule mais dont le cœur est de préserver la biodiversité. 
L’objectif d’une politique énergétique qui mise – résolument et rapidement – sur un approvisionnement non fossile. 
Je veux bien être idéologue, lorsque cela signifie faire des propositions pour réaliser ces objectifs. Des propositions Vertes.
Cela fait des années que nos propositions Vertes sont sur la table… et elles auraient empêché la crise énergétique qui s’annonce. 
Elles auraient rendu la Suisse plus indépendante des autocrates comme Poutine. Et donc renforcé la démocratie et les droits humains. 
Elles auraient veillé à ce que l’environnement et le climat soient mieux protégés – et nous auraient évité, en cette période de sècheresse et de canicule, de devoir penser jour après jour : « Ah, si au moins la Suisse avait réagi plus tôt ! »

Ces dernières années et bien avant, la majorité bourgeoise n’a cessé de bloquer les étapes les plus ambitieuses de la transition écologique. Et en vue des prochaines votations et élections, le grand capitalisme et le lobby paysan s’accoquinent contre le camp Vert et la gauche. Sous la devise : pesticides et subventions pour le milieu paysan, sous-enchère fiscale pour les multinationales. Un misérable marché de dupes : « perdant-perdant » pour la nature, pour la santé et pour les contribuables lambda.
Mais nous, les VERTES et les VERTS, nous ne nous en laissons pas conter. Après notre victoire historique aux élections 2019, nous avons remporté d’importants succès malgré tout… malgré le vent contraire, malgré un contre-courant bourgeois sous la bannière : toutes et tous contre le camp Vert.

Nous avons remporté des succès, parce que nous avons su convaincre en coulisses et parce que la pression de la grève du climat et de l’électorat n’a pas faibli. Et nous avons pu compter sur le vent favorable des succès cantonaux, où nous sommes le parti qui a le plus progressé :

  • il y a un an, des jalons ont été posé pour que les énergies renouvelables produisent autant que 3 centrales nucléaires grâce à notre initiative parlementaire Girod
  • au Conseil national, nous avons œuvré pour que le contre-projet à l’initiative pour les glaciers soit efficace. Après le non à la loi sur le CO2, ce sera une étape importante pour la protection climatique
  • et bien sûr, le fonds climat pour un nouveau pacte Vert : une première dans l’histoire. Deux partis, les VERTES et les VERTS et le PS, lancent ensemble une initiative populaire : ensemble, nous avons du pouvoir, ensemble nous voulons avoir du succès, ensemble nous relevons le défi du siècle au lieu de nous faire une concurrence de pacotille. Justice climatique, biodiversité, innovation et emplois d’avenir : le fonds climat pour un nouveau pacte Vert garantit que les pouvoirs publics investissent dans l’avenir. Nous comptons sur TOI et sur son soutien : inscris-toi sur une des feuilles qui se trouvent sur les tables avec le nombre de signatures que tu promets de récolter !
  • dans les cantons également, nos activistes ainsi que nos conseillères ou conseillers d’État livrent avec détermination et ténacité des solutions d’avenir, en élaborant des lois sur l’énergie ambitieuses, comme les Jeunes Vert-e-s à Glaris ou notre conseiller d’État Vert, Martin Neukom, dans le canton de Zurich… et ceci, avec l’approbation des districts les plus bourgeois
  • et nous n’en restons pas là… comme en témoigne cette assemblée à Zoug : nos deux résolutions veulent donner à la politique extérieure, commerciale et énergétique de la Suisse un nouveau fondement, porteur d’avenir, loin du profit à court terme : la paix et les droits humains, et des énergies de paix et de liberté. Et comme les VERTES et les VERTS de Zoug le réclament depuis longtemps, il faut en finir avec la sous-enchère fiscale et donc exercer un contrôle étatique sur le négoce des matières premières : transformer donc également le commerce des matières premières !

Et on pourrait continuer… ce qui montre une chose : nous, les VERTES et les VERTS, nous avons des idées et des solutions… nous sommes « en pleine forme » ! Nous sommes les protagonistes 
d’une maîtrise de la crise porteuse d’avenir,  
d’une transition écologique profonde, 
du retour de la politique : car nous prenons au sérieux notre responsabilité d’être humain, la responsabilité de donner au marché – en tant que réalisation humaine – des lignes directrices, tout aussi humaines, et légitimées démocratiquement. 

Nous ne sommes pas à la fin de l’histoire, mais à un moment-charnière. Et nous voulons écrire – et nous écrirons – ensemble l’histoire de ce moment-charnière vers un futur porteur d’avenir.