« Je veux que vous paniquiez ! » lançait Greta Thunberg aux décideurs autoproclamés de la planète, réunis fin janvier à Davos. Paris, début juillet, était loin de paniquer. « Pfff ! on ne va quand même pas se prosterner devant une gamine autiste ? », éructent les vieux briscards de la droite qui, du coup, proclament que « l’urgence n’est pas climatique, mais d’ordre cérébral ». C’est vrai qu’ils vont devoir sérieusement se triturer les neurones pour espérer rendre crédible un aussi puissant déni de réalité, et inventer des stratagèmes pour continuer à assécher la planète en toute impunité. Moins cérébrale mais plus obscurantiste est l’urgence patriotique invoquée par l’UDC pour éradiquer le péril écologiste, comme si aller se recueillir au Grütli suffisait à tenir à distance les catastrophes et rafraîchir le climat.

Vision globale et cohérence

Nous vivons un moment crucial où l’interconnexion de divers facteurs tels que changement climatique, effondrement de la biodiversité, épuisement des ressources ou inégalités engendre un risque systémique vers un désastre global. Le problème, c’est que la politique n’a jamais eu si mauvaise réputation et que les partis semblent mis hors course par des forces contraires : d’un côté, un capitalisme qui se blinde pour ne rien lâcher de ses profits, de l’autre, des jeunes « plus chauds que le climat », déterminés à ébranler pour de bon les langueurs des élus. Entre les grévistes – climatiques, féministes ou syndicaux – et les décideurs, il faut des organisations solides, à même d’opérer la jonction. C’est précisément ce dont les VERT-E-S sont capables. A la fois élus et militants, ils sont des passeurs, des traducteurs politiques, tant de la société civile que du monde scientifique. Ils sont aussi les dépositaires d’une histoire et les garants d’une cohérence. Tandis que j’écris ces lignes, la patrouille suisse fait une démonstration d’acrobaties avec ses bombardiers à ras de mon immeuble : petite illustration de la cohérence nécessaire entre les luttes à mener : comment alerter sur le climat tout en levant le nez pour admirer les avions ?

Un capitalisme vert n’est pas la solution

Contrairement aux Vert’libéraux, nous ne plaçons pas nos espoirs dans un capitalisme vert. Nous savons que la croissance infinie dans un monde fini est un non-sens dramatique, que la technologie sans conscience critique ne nous sauvera de rien, que notre système économique prédateur, gaspilleur, asservissant nous mène à l’effondrement. Le paquebot Terre doit changer de cap. Les VERT-E-S s’y engagent. Avec une impuissance dramatique ? Pour des résultats dérisoires ? Non ! Nos efforts inlassables ont contribué à la prise de conscience d’aujourd’hui. Et nous pouvons compter sur une humanité généreuse, qui aspire à vivre autrement.

Anne-Catherine Menétrey-Savary
anc. conseillère nationale VD