Il y a des années, j’ai affirmé dans un entretien que j’étais Vert, avant que les VERT-E-S n’existent. Rétrospectivement, j’en ai eu honte, car cela donnait l’impression que j’avais inventé la cause Verte. Alors que je voulais seulement dire que ma famille – comme tant d’autres – avait des convictions Vertes, avant que le parti ne soit fondé. Nous récoltions de l’argent pour le WWF, ramassions les détritus sur les routes, une fois j’ai distribué aux automobilistes arrêtés devant une barrière une vignette écrite à la machine « SVP arrêtez votre moteur ». On parlerait peut-être aujourd’hui de « conscience ».

Les débuts à Weinfelden

C’est via une liste libre, qui s’était formée à Weinfelden afin d’empêcher la construction d’une route de contournement, que j’ai atterri chez les VERT-E-S. Après y être parvenu, la plupart d’entre nous sommes entrés chez les VERT-E-S… ce devait être peu après la création du parti. Très actif durant les premières années, je me suis un peu mis en retrait lorsque j’ai commencé à exercer le métier de journaliste, afin que mon engagement ne porte pas préjudice à ma neutralité journalistique. Notez que je ne suis guère rester neutre. Aujourd’hui encore, je suis fier de la plainte que le Département militaire (DMF) a déposée en 1995 contre notre équipe du Nebelspalter en raison « d’une offense grossière envers les troupes, cadres, médecins de troupe, aumôniers et membres de la justice militaire et du DMF » devant le Conseil de la presse (sans obtenir gain de cause).

Un Vert exemplaire ?

Les revendications Vertes m’ont simplement toujours éclairé. Autrefois, j’affirmais souvent que « Ne pas être Vert, c’est être soit bête, ou amoral ». Et même si au sein de notre parti tout ne va pas de soi, même si parfois tout tourne autour des personnes au lieu de nos causes, cela n’a jamais rien changé à mes convictions. Nos revendications étaient justifiées et le sont toujours. C’est pourquoi nombre d’entre elles sont désormais monnaie courante : même l’UDC commence lentement à se rendre compte que le climat se dérègle. Peut-être également le climat qui rend ce parti si fort. Et ne croyez pas que je sois un Vert exemplaire. Même si je roule très peu en voiture, j’en ai une. Je mange de la viande et prends parfois l’avion pour aller en vacances. Je me suis toujours inscrit en faux contre l’idée que seuls les écolos rigoristes pouvaient se targuer d’être Verts. Même au volant d’une grosse cylindrée on peut plaider en faveur d’une augmentation de la taxe sur les carburants. Je me suis toujours senti à l’aise chez les VERT-E-S, même si j’ai plutôt brillé par mon absence ces derniers temps. Or, un parti n’a pas seulement besoin de militant- e-s, mais également d’un électorat et de sympathisant-e-s. Alors, parfois, je me porte également candidat afin de grapiller quelques voix supplémentaires. Quoi qu’il en soit ma voix est acquise depuis plus de 30 ans aux VERT-E-S. Et continuera à l’être.

Peter Stamm
auteur et journaliste
www.peterstamm.ch