Disparition de titres appréciés, fusion de rédactions, atomisation des bureaux locaux. La Suisse romande a déjà payé un lourd tribut à la diminution des recettes des médias. Celle-ci est en partie liées aux changements d’habitudes de lecture ; nous nous informons toujours plus en ligne, où le consentement à payer est faible. Mais ce qui pèse le plus sur les revenus de nos médias, c’est la captation des dépenses publicitaires par les géants numériques. En 2020, les GAFAM ont réalisé, en Suisse, deux milliards de recettes publicitaires ! Deux milliards qui manquent à nos rédactions, qui doivent trouver de nouveaux modèles d’affaires. D’autant que ces plateformes internationales ne rétribuent pas les contenus journalistiques qu’elles partagent.

Près de 70 titres qui ont cessé de paraître cours des vingt dernières années, attestant de la nécessité d’agir.

Les médias, rempart à la désinformation
La Suisse semblait relativement épargnée par les infox, mais ces derniers mois ont montré que notre démocratie est également visée par des campagnes virulentes et massives de désinformation. Avec une volonté de renforcer les clivages et d’affaiblir nos institutions.

Fort de ces constats, le Parlement a ficelé un paquet de soutien aux médias, qui propose des mesures transitoires devant leur permettre de développer de nouveaux modèles. Pour la presse, les rabais postaux existants sont étendus. Ainsi, les journaux livrés tôt le matin bénéficient de la même aide que ceux distribué avec le courrier postal. Les montants sont dégressifs, afin de privilégier les petites entreprises, les médias régionaux. Le soutien aux journaux associatifs est également augmenté. Une nouvelle aide est prévue pour les médias en ligne, afin de faciliter l’émergence de nouvelles offres. Tandis que la formation des journalistes numérique est encouragée.

Renforcer l’indépendance des médias
Des médias indépendants et forts sont une condition indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie. Un Oui permet de renforcer les médias qui informent, contribuent à la formation de l’opinion publique et suscitent le débat. Cette votation est importante : si ce paquet est rejeté, c’est l’information locale qui est directement menacée. Alors que les médias romands indépendants sont affaiblis, les régions minoritaires doivent faire entendre leur voix ! Les plus gros tirages, les journaux gratuits et ceux qui s’inféodent à des milliardaires tireront toujours leur épingle du jeu.

Isabelle Pasquier-Eichenberger
conseillère nationale VD
@IsaPasquierE