Dimanche passé, le peuple et les cantons se sont clairement prononcés en faveur d’un commerce durable des denrées alimentaires et contre le gaspillage alimentaire. Ces deux revendications de l’initiative pour des aliments équitables ont pu être intégrées au contre-projet de l’initiative de l’Union suisse des paysans sur la sécurité alimentaire. L’initiative pour des aliments équitables permet de mettre en pratique ce nouvel article constitutionnel en proposant des mesures concrètes, telles que la promotion de l’agriculture régionale, des conventions d’objectifs avec l’industrie agroalimentaire ou encore l’encouragement des importations durables.

Grâce à l’initiative pour des aliments équitables, la Confédération pourra améliorer l’offre de produits régionaux, mais également de denrées alimentaires importées saines, de qualité, produites dans des conditions de travail décentes et dans le respect de l’environnement et des animaux. En effet, environ 50% du contenu de nos assiettes et des fourrages pour animaux viennent de l’étranger : agir egalement au niveau des importations, pour en améliorer la qualité ecologique et sociale, est donc central. Réduire notre gaspillage alimentaire doit également être une priorité : en Suisse, un tiers des denrées terminent à la poubelle.

L’initiative est réaliste
Les discussions au Conseil national ont montré que la plupart des groupes parlementaires avaient encore des doutes quant à la compatibilité de cet article avec nos obligations commerciales internationales. Ces réticences sont dues à une interprétation inadéquate du Conseil fédéral du texte de l’initiative, qui propose en réalité plusieurs instruments conformes aux accords internationaux. Une étude publiée en 2016 et mandatée par l’Alliance agraire montre clairement que l’initiative pour des aliments équitables est compatible avec le droit commercial international.

Deux exemples récents illustrent d’ailleurs la marge de manœuvre dont dispose la Suisse en la matière :

  • Dans le cadre de la révision de la loi sur la protection de l’environnement (contre-projet à l’initiative «Pour une économie verte»), le Conseil fédéral avait proposé des conventions d’objectifs avec les importateurs, pour améliorer la qualité écologique et sociale des produits importés.
  • Les biocarburants bénéficient en Suisse d’avantages fiscaux – mais uniquement s’ils sont produits dans des conditions sociales acceptables et s’ils ne sont pas issus de la déforestation. Ici, la Suisse encourage déjà aujourd’hui des importations durables. Ce qui fonctionne pour des biocarburants devrait aussi fonctionner pour des denrées alimentaires.

Un soutien large
L’initiative pour des aliments équitables est soutenue par une large coalition d’organisations de défense des agriculteurs, des consommateurs, de protection des animaux et de coopération au développement. Tous ces acteurs ont à cœur de défendre une alimentation plus respectueuse de l’environnement, des animaux et des êtres humains, que les aliments soient produits en Suisse ou ailleurs.