L’initiative pour des aliments équitables est la 3e voie dont nous avons besoin, entre isolationnisme protectionniste et libre-échange forcené.
Louis Schelbert, conseiller national LU

La décision de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil national (CER-N) de rejeter l’initiative populaire fédérale « Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques (initiative pour des aliments équitables) » est incompréhensible. La CER-N montre ainsi qu’elle ne reconnaît pas les signes des temps : l’opposition croissante aux accords de libre-échange unilatéraux au détriment de la justice sociale et de l’écologie. Le commerce mondial n’a d’avenir qu’équitable et durable. De plus, les consommatrices et consommateurs en ont assez des scandales alimentaires à répétition. C’est désormais au Conseil national de corriger le tir.

Une initiative réaliste

Contrairement à ce qu’affirme le Conseil fédéral, l’initiative pour des aliments équitables est tout à fait compatible avec le droit commercial international. Comme le montre une étude parue en 2016 (en all.) sur mandat de l’Alliance agraire, ainsi que deux exemples législatifs récents:

  • lors de la révision de la loi sur la protection de l’environnement (contre-projet à l’initiative pour une économie verte), le Conseil fédéral a proposé des mesures novatrices, telles que la conclusion de conventions d’objectifs avec les importateurs.
  • les agro-carburants bénéficient en Suisse d’allégements fiscaux – pour autant qu’ils soient produits dans des conditions socialement acceptables et sans détruire les forêts tropicales. Cette mesure encourage déjà des importations durables. Ce qui est bon pour les agro-carburants, doit également le devenir pour les aliments.

Un large soutien

L’initiative est soutenue par une large alliance issue de l’agriculture, la protection des consommateurs, la coopération au développement et la protection des animaux. A laquelle vient d’adhérer l’association Slow Food. Ensemble, ces organisations se mobilisent pour ce qui devrait être une évidence : des aliments issus d’une agriculture proche de la nature, écologique et respectueuse des animaux et produits dans des conditions équitables. Pour y parvenir, il faut définir – et appliquer – des minimas de durabilité, que les aliments soient produits en Suisse ou à l’étranger.