Se jeter à l’eau
Si l’on m’avait dit, il y a 6 ans, que je deviendrais présidente du Parlement cantonal de Bâle-Ville à 27 ans, j’aurais éclaté de rire. Même si – ado – la politique m’intéressait déjà et que j’étais très engagée, mon chemin politique a été tout sauf typique.
À l’association des enfants, Kinderbüro Basel, j’ai milité pour des cartables plus légers et plus d’espaces verts en ville. Et lorsque deux grandes ont dû fermer, j’ai fondé une association et ensemble nous avons réussi à l’empêcher. Par amour pour la culture, j’ai finalement décidé de me porter candidate. Mon parti devait être jeune et lutter pour l’environnement, c’est ainsi que j’ai commencé chez les Jeunes Vert-e-s et atterri au Parlement bâlois.
Une jeune femme comme moi s’expose parfois à un rude vent contraire tout en suscitant une grande joie. Je suis impressionnée des réactions de nombreuses personnes, en particulier des jeunes, qui se sentent écouté-e-s et représenté-e-s.
Mon groupe parlementaire m’a toujours fait confiance. Très tôt, j’ai pu présider la commission spéciale Protection climatique. Comme j’étudie la géographie, la protection climatique est – à côté de la culture – une des causes qui me tiennent à cœur. Or, mon rôle a changé : mon action ne se déroule plus dans la rue avec celles et ceux qui souhaitent davantage de protection climatique. Maintenant je dois négocier et surtout trouver la meilleure solution parlementaire possible en faveur du climat dans le canton. C’est un travail qui m’a beaucoup mise à contribution : en tant que jeune femme Verte, j’avais des attentes énormes envers moi-même, sans compter toutes celles des autres. Le travail au sein de la commission spéciale Protection climatique a été couronné de succès : un compromis impressionnant soutenu par presque tout l’échiquier politique, de la gauche au PLR. Et pourtant la protection climatique n’en est pas ressortie victorieuse. Les grévistes du climat l’ont trouvé décevant, car il était « trop peu radical ». Ainsi, en tant que jeune politicienne, on se situe toujours entre des extrêmes : élue pour changer rapidement le système politique et pourtant novice dans un Parlement dont l’organisation est extrêmement pointilleuse. C’est un monde des contraires et c’est justement ce qui me fascine.
Ma carrière politique prend un tournant inédit avec mon élection comme plus jeune présidente du Parlement. Je dois à nouveau me jeter à l’eau… et apprendre à nager me fait à nouveau très plaisir. Parce qu’en politique, des personnes sensationnelles vous attendent et que de véritables amitiés se nouent durant les heures de natation. Parce que l’impuissance que nous ressentons peut se muer en une énergie gage de changements, même s’ils sont mineurs. Parce que notre engagement pour un avenir Vert et meilleur fait écho à ce que ressentent de nombreuses personnes. Donc, n’hésitez pas ! Passez à l’action, inscrivez-vous sur une liste électorale et aidez-nous, les parlementaires Vert-e-s, à concrétiser les changements.
Jo Vergeat
présidente du Parlement BS