Chères Vertes, chers Verts, liebe Grüne, cari Verdi

L’indispensable engagement sur le terrain, en faveur des réfugiés, doit aussi être accompagné de mesures visant les causes des grands déplacements de population. Car personne ne prend la route au péril de sa vie sans y être contraint par une situation de crise à laquelle il ne peut répondre autrement.

Les hommes, les femmes et les enfants qui sollicitent notre accueil fuient d’abord parce qu’ils sont directement menacés par des conflits armés. Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que nous ne pouvons pas résoudre depuis la Suisse, comme par un coup de baguette magique, des conflits basés sur des champs de tensions nombreux et complexes. Mais nous pouvons au moins refuser de livrer des armes à ceux qui massacrent des populations civiles ou qui sont proches des régimes qui ont de telles pratiques. Pourtant, il y a quelques mois encore, la Suisse livrait des munitions et des armes à l’Arabie Saoudite, soupçonnée de soutenir, au moins idéologiquement, l’Etat islamique. C’est inacceptable. Le Proche-Orient n’a pas besoin d’armes, mais d’une politique active de paix à laquelle la Suisse doit contribuer, comme les Verts l’ont demandé à maintes reprises au Conseil fédéral.

Nous devons aussi agir pour prévenir les grands conflits et les mouvements de population majeurs que créent déjà et créeront plus encore à l’avenir la surexploitation des ressources, leur consommation inéquitable, ainsi que les effets du changement climatique.

Nous nous sommes réjouis des résultats de la COP21. L’objectif de maintien du réchauffement climatique en dessous des 2 degrés a été réitéré. Il a même été renforcé avec la volonté de viser une limitation du réchauffement à 1,5 degrés. Cette orientation a obtenu l’assentiment de l’ensemble des parties, une première dans l’histoire des efforts internationaux pour l’avenir de notre planète. Mais le véritable défi commence maintenant, avec la traduction de cette vision dans les législations et son application sur le terrain. Car pour ne pas dépasser un réchauffement de 1,5 degrés, nous devrons réduire drastiquement nos émissions de CO2. Or les engagements proposés par le Conseils fédéral sont déjà insuffisants pour que notre pays contribue au maintien du réchauffement climatique à 2 degrés. Les Verts demandent au Conseil fédéral de revoir sa copie et de pendre des mesures supplémentaires, conformément aux décisions prises à Paris.

Malheureusement, il se heurtera à un parlement plus rétrograde que jamais. La Stratégie énergétique, qui contient entre autres des mesures favorables au climat, est désormais menacée. Les Verts s’engageront pour la défendre. Nous irons devant le peuple pour la renforcer encore, avec une limitation de la durée de vie de nos vieilles centrales nucléaires, qui permettra de planifier les investissements dans les renouvelables et de préserver la population de risques inutiles. Et nous nous battrons pour que la révision de la loi sur le CO2, que le parlement attaquera cette année, permette à la Suisse, via des mesures supplémentaires de réduction des émissions de CO2 à tous les niveaux – isolation et chauffage des bâtiments, mobilité, mais aussi désinvestissement et émissions grises – d’avancer vers l’émancipation des énergies fossiles. Le vote de février sur le Gothard doit constituer un premier jalon dans ce sens. Les Verts continuent par ailleurs à explorer, avec Greenpeace et d’autres organisations, la voie judiciaire en matière climatique. Nous projetons avec nos partenaires le dépôt d’une plainte d’ici à cet été, afin d’exiger du Conseil fédéral qu’il assure à la population une protection adéquate contre les effets du réchauffement climatique.

Enfin, les Verts s’engageront devant le peuple, vraisemblablement en juin, pour leur initiative pour une économie verte. La Suisse doit miser sur la revalorisation des matières premières et des déchets et limiter l’importation de produits détruisant les forêts primaires, les zones humides ou les mers. La surexploitation des ressources est à l’origine de nombreux conflits et déplacement de population dans le monde. Seule une consommation de ressources équitable, que ce soit vis-à-vis des autres habitants de notre planète ou des générations futures, est viable sur le long terme. L’économie verte permet en outre de dynamiser notre économie en créant de l’innovation, des emplois et de la plus-value localement ancrés.

Chères Vertes, chers Verts, nous sommes depuis toujours le parti qui crée des liens entre les enjeux économiques, sociaux et écologiques, entre les questions locales et globales. Ces compétences seront plus nécessaires que jamais pendant la prochaine législature, qui sera marquée par les thèmes de la migration, de la place de la Suisse dans le monde, et des défis écologiques globaux. Nous seuls savons penser ces enjeux dans leur indissociable interdépendance. Et nous entendons leur apporter des réponses concrètes et factuelles. Nous nous engagerons, dans les années qui viennent, pour que ces réponses soient entendues, au parlement et dans les rues, avec votre aide à toutes et à tous.

Discours présidentiel (PDF)