« Désormais, seuls le Contrôle des finances et le Parlement peuvent encore assurer la transparence », commente le Conseiller national Fabien Fivaz (NE, Les Verts) à propos du message sur l’armée publié aujourd’hui. Le Conseiller national Pierre-Alain Fridez (JU, PS) ajoute « Les risques techniques et financiers du projet F-35 sont immenses. Le mystère du Conseil fédéral reste par exemple de savoir comment il a pu prévoir dans le programme d’armement 2021, pour l’acquisition de quelques remorques, une prime de risque de 3 %, deux fois plus élevée que celle prévue actuellement pour le F-35A, qui est de 1,5 % ». Le F-35 est toujours légalement en phase de développement aux Etats-Unis ; récemment encore, le Pentagone lui a refusé le statut de produit de série à part entière. Les prix fixes sont donc exclus. « D’une manière ou d’une autre, le gouvernement américain ne propose que des prix estimés. Le risque financier est toujours assumé par le client », ajoute Fabien Fivaz, qui constate : « Nous rejetons ce message sur l’armée dans le cadre des délibérations parlementaires ».

« Le bombardier furtif F-35A a-t-il obtenu le plus de points lors de l’évaluation parce qu’il est le mieux équipé pour des attaques préventives par surprise à des centaines de kilomètres en dehors de la Suisse ? », se demande Pauline Schneider du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA). Le message sur l’armée n’apporte pas non plus de clarification sur l’importance de telles missions, que le DDPS a imposées lors de la procédure de sélection. Il y a dix ans, lors de l’évaluation du remplacement partiel du Tiger (TTE), le Conseil fédéral avait encore dévoilé les sous-critères selon lesquels il évaluait les avions de combat. Cette fois-ci, il déclare les 20 sous-critères et les 79 « thèmes d’évaluation » comme étant des informations secrètes. Seuls le chef des Forces aériennes et la NZZ ont pu récemment dévoiler quelques éléments de ces prétendus secrets.

Tant qu’il n’y aura pas de clarté sur l’attribution des points, le mystère reste entier sur le fait qu’un jet qui met particulièrement longtemps à décoller, monte plus lentement que les autres, accélère plus lentement et n’est pas capable de manœuvres brusques, soit désigné par le DDPS comme le meilleur jet pour la police aérienne et la protection de l’espace aérien suisse. Dans le livret de vote de l’automne 2020, le Conseil fédéral avait pourtant placé ces tâches au centre de son argumentation. Il n’a jamais été question de la capacité à effectuer des frappes préventives en dehors de la Suisse. « La Suisse n’a pas besoin d’un bombardier furtif. Il n’y aurait jamais eu de majorité pour cela », affirme Pauline Schneider. « C’est pourquoi notre initiative Stop F-35 est si importante », ajoute-t-elle.

« Nous devons enfin apprendre à discuter objectivement et démocratiquement de différents concepts de politique de sécurité », ajoute Pierre-Alain Fridez, qui souligne : « Nous aussi, nous soutenons une police aérienne. Mais nous avons besoin pour cela de jets européens adaptés et nettement moins chers. Nous nous opposons au retour à la capacité de bombardement air-sol. L’argent accordé par le peuple doit être redistribué pour une autre politique de sécurité orientée vers l’avenir, y compris le cyber et la protection contre les mini-drones ». Après la lecture du message sur l’armée, trop de questions restent en suspens : on n’y trouve que des platitudes sur le bruit insupportable, la formation des pilotes raccourcie de manière irresponsable et l’armement bizarre du jet.