Le projet législatif a donc été largement accepté aussi bien par le Conseil national que par le Conseil des Etats. Le Parlement rend ainsi plus stricts les critères d’allègement fiscal accordé aux agrocarburants et les fixe dans la loi. Pour bénéficier d’une défiscalisation, les agrocarburants devront être désormais produits dans des conditions sociales acceptables et ne pas provenir d’une surface de forêt primaire défrichée dans ce but. De plus, ils devront émettre « sensiblement moins de gaz à effet de serre que l’essence fossile » et ne pas « nuire globalement à l’environnement de façon notablement plus élevée que l’essence fossile ». Le Conseil fédéral pourra également exiger que la production d’agrocarburants ne se fasse pas au détriment de la sécurité alimentaire. Le Parlement suisse a ainsi approuvé une législation exemplaire à l’échelle internationale.

En effet, la politique d’encouragement aux agrocarburants menée par les pays industrialisés a de graves répercussions dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latin. Car, au lieu de semer des cultures vivrières destinées aux populations locales, ils plantent maïs, soja, canne à sucre et huile de palme, pour les exporter en masse et les transformer en diesel et en benzine. Les forêts tropicales disparaissent et les savanes sont détruites, ce qui se traduit par une réduction dramatique de la diversité biologique et une accélération du changement climatique. La production d’agrocarburants est en outre un des moteurs du phénomène d’accaparement des terres à grande échelle (land grabbing), au détriment des populations locales, qui sont chassées de leurs terres.