Le Parlement protège les exploitants des centrales nucléaires plutôt que la population. Il joue ainsi à la roulette russe nucléaire.
Adèle Thorens Goumaz, conseillère nationale VD

Vendredi marque les cinq ans de la catastrophe nucléaire à Fukushima. Le Parlement n’en a visiblement rien appris. Non seulement il refuse toute limitation de la durée de fonctionnement des centrales, mais il ne veut pas d’une sécurité accrue pour le parc nucléaire paléolithique de notre pays. La série d’événements récents montre pourtant clairement que les risques nucléaires ne sont pas maîtrisables, même chez nous :

  • Le Conseil national ignore les recommandations de l’IFSN : en supprimant la marge de sécurité supplémentaire pour les vieilles centrales. Ce sont des parallèles inquiétants avec Fukushima, où les économies en matière de sécurité ont été fatales.
  • Le lobby nucléaire veut faire porter les risques à l’Etat : Selon leur plan de bataille, les bénéfices seraient engrangés par les exploitants des centrales, tandis que les risques seraient reportés sur la Confédération. Au lieu de prêter main forte pour une sortie programmée de l’énergie nucléaire, comme le réclame l’initiative, les compagnies poursuivent leur chasse au profit à court terme et exposent la population à des risques inconsidérés.
  • Tactique de dissimulation autour de l’incident de la centrale de Fessenheim : les Verts exigent du Conseil fédéral qu’il s’engage à faire arrêter immédiatement ce réacteur obsolète.

Le vendredi 18 mars, les Chambres passeront au vote final sur l’initiative pour la sortie programmée de l’énergie nucléaire. Le Conseil fédéral aura ensuite 10 mois pour la soumettre au peuple et aux cantons, ce qui donnera la possibilité au peuple suisse de corriger les décisions parlementaires irresponsables cet automne.