Les centrales nucléaires sont un obstacle à la transition énergétique. Il faut une sortie programmée avec au final une date d’arrêt des centrales nucléaires suisses. Avec ce scénario réaliste, près des 2/3 du parc nucléaire sera éteint début 2030.
Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale GE, membre CEATE

La commission de l’environnement du Conseil national (CEATE-N) planche actuellement sur la Loi sur l’énergie et sur la Loi sur l’approvisionnement en électricité (Acte modificateur unique). Sa proposition planifie la prochaine étape – à long terme – du tournant énergétique. Elle doit notamment inclure un plan pour un arrêt programmé des vieilles centrales nucléaires suisses, ces dernières entravant le tournant énergétique.
 
Ce qui est logique : plus une centrale nucléaire est vieille, plus elle est susceptible de présenter des déficiences. Des arrêts imprévus seront de plus en plus fréquents au fur et à mesure du vieillissement d’une centrale, ce qui pose un immense problème en termes d’approvisionnement énergétique. Ce danger est énorme : en France, l’été dernier, 40 pourcents des centrales ont dû être éteintes en raison de problèmes techniques. En Suisse aussi surviennent, chaque mois, entre 2 et 3 incidents qui doivent être obligatoirement annoncés. À l’hiver 2016/2017, la centrale de Leibstadt est même restée en panne pendant plus de six mois, dont janvier et février. Cela montre bien que les centrales nucléaires ne sont pas la solution aujourd’hui mais posent, au contraire, un problème de sécurité d’approvisionnement.
 
Au plan géopolitique également, notre dépendance de l’uranium comme combustible représente un risque car, selon les recherches effectuées par Greenpeace, 60 pourcents de l’uranium utilisé dans les centrales suisses provient de Russie. 
 
Les VERT-E-S proposent les solutions suivantes pour une sortie programmée du nucléaire : à partir de la 45e année d’exploitation, les centrales nucléaires établissent un programme d’exploitation aux exigences de sécurité accrues pour la dernière décennie. Les centrales doivent être déconnectées du réseau au plus tard comme suit:

  • Beznau I et II en 2027
  • Gösgen en 2032
  • Leibstadt en 2037

Réussir le tournant énergétique

Pour les VERT-E-S, la sortie programmée de l’énergie nucléaire est faisable et nous devons la réaliser dans un futur proche. Car s’accrocher aux vieilles centrales fait obstacle au tournant énergétique et c’est un mauvais investissement. En effet, si nous mettions des panneaux solaires sur tous les toits appropriés, nous pourrions produire trois fois plus de courant que toutes les centrales suisses réunies. Si nous tirions pleinement parti du potentiel d’efficacité énergétique existant, nous pourrions économiser la production d’électricité de toutes les centrales nucléaires suisses. Les VERT-E-S ont d’ailleurs déposé des interventions dans ce sens et ont déjà montré l’automne dernier comment réussir la transition énergétique en harmonie avec la nature.