Aînées pour le climat : le Conseil fédéral s’assied sur un arrêt de justice
Lisa Mazzone à propos de l’inaction du Conseil fédéral, 6 mois après le jugement climatique :

Il s’assied sur un arrêt de justice en refusant de mettre en œuvre des mesures de protection du climat cohérentes avec les objectifs auxquels il s’est engagé sur le plan international. Pire encore : il passe sous silence le démantèlement de la politique climatique – déjà insuffisante selon Strasbourg – qu’il prévoit, notamment dans son paquet d’économies. Le Conseil fédéral mène une politique idéologique de droite conservatrice en dépit de ses obligations légales et populaires. Il menace nos institutions, notre santé et notre avenir.
Les VERT-E-S exigent la conformité au droit et le respect du droit humain à un environnement sain. Urgemment, le Conseil fédéral doit établir un budget carbone honnête et fixer des objectifs climatiques pour la finance et l’aviation.
La Suisse est tenue, après avoir été condamnée pour inaction climatique et violation des articles 6 et 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, de présenter un report d’action auprès du Conseil des ministres du Conseil de l’Europe pour la mise en œuvre de l’arrêt dans les 6 mois qui suivent. Dans une dizaine de pages ostensiblement négligées, le Conseil fédéral dénigre nos institutions judiciaires en répétant son axe de défense devant la Cour, qui a pourtant mené à sa condamnation.
Le Conseil fédéral met en avant des lois qu’il ne veut même pas mettre en œuvre
Pire, il travestit éhontément la réalité en mettant en avant des lois acceptées par le peuple, respectivement par le parlement, qu’il a pourtant déjà publiquement et officiellement annoncé vouloir raboter. Ainsi, il vante le programme d’assainissement énergétique des bâtiments de la loi sur le climat et l’innovation, alors qu’il prévoit de couper massivement dans le programme bâtiments et donc d’affaiblir l’assainissement énergétique. Il se targue encore de l’exemplarité de la Confédération pour 2040 en matière de neutralité climatique, avant d’admettre lui-même qu’il a ajourné la mise en œuvre de ce volet de la loi et que rien n’est concrètement prévu. Enfin, il prétend que la loi sur le CO2 attribuera un soutien financier aux trains de nuit. Mesure que le Conseil fédéral propose de biffer et que le Conseiller fédéral Rösti a décidé de suspendre « préventivement ».
Sans parler des objectifs de réduction de la loi sur le CO2 qui ne seront atteints que par le dumping climatique : achat massif de certificats à l’étranger plutôt que réduction en Suisse. Une stratégie climatique dénoncée par la Cour.
Il faut des objectifs contraignants pour l’aviation et la finance
Les VERT-E-S exigent la conformité au droit. La protection du climat n’est pas une option, mais une obligation légale, en Suisse et sur le plan international. Le Conseil fédéral doit urgemment établir un budget carbone honnête, basé sur les connaissances scientifiques. Il doit fixer des objectifs contraignants pour l’aviation et la finance, deux secteurs destructeurs pour le climat pourtant dépourvus d’objectifs. Il doit enfin fixer des objectifs intermédiaires pour garantir un suivi et ne pas réitérer les échecs passés.