Les exportations d’armes fabriquées par l’industrie suisse prennent une ampleur démesurée. Elles participent d’un processus de réarmement global toujours plus important. Il est proprement scandaleux que dans un monde où un milliard de personnes souffrent de la faim, on dépense plus en armement qu’au temps de la Seconde Guerre mondiale. Il est particulièrement inquiétant que le Pakistan, l’un des Etats les plus dangereux de la terre, soit le plus gros acheteur de matériel de guerre suisse. Dans les années 1970, le Conseil fédéral a contribué à ce que le Pakistant se dote illégalement de la bombe atomique. Aujourd’hui, il fournit des armes à un pays extrêmement instable, en guerre contre l’Inde et l’Afghanistan, et où les droits humains sont quotidiennement bafoués.

La plupart des pays du Moyen-Orient – notamment Israël, le Liban, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les Emirats Unis – sont livrés en matériel de guerre suisse. Il faut pourtant rappeler qu’en juin 2004, le postulat Lang pour la suspension de la coopération militaire avec les pays du Moyen-Orient avait été signé par 90 parlementaires du Conseil national, parmi lesquels Doris Leuthard, alors présidente du PDC. Nous les Verts exigeons que cette intervention parlementaire soit enfin soumise au plénum. Une grande partie des armes est exportée en direction de pays engagés dans la guerre absurde décrétée par les Etats-Unis contre le terrorisme, Grande-Bretagne, Danemark, Allemagne, Roumanie – avec les effets catastrophiques que l’on sait.

L’exportation de matériel de guerre est en complète contradiction avec les principes de neutralité, de paix et de coopération dont la Suisse se réclame par ailleurs. Le cynisme de l’argument économique brandi par les fabricants d’armes suisses est parfaitement illustré par le cas de Friedrich Tinner, qui a pu en 1977 se prévaloir de cette même logique économique pour livrer au Pakistan le matériel nécessaire à la bombe atomique. L’industrie d’armement ne promet pas un futur particulièrement brillant à notre pays. Ce n’est au contraire qu’en interdisant l’exportation de matériel de guerre que la Suisse sera à même de mener une politique extérieure conforme à ses engagements en matière d’éthique. L’initiative qui le réclame, lancée par le GSsA et soutenue par les Verts, devrait être discutée en mars au Conseil national.