Une photo publiée par 10vor10 confirme ce qu’on savait depuis des mois mais qui, pour des raisons de protection des témoins, ne pouvait être prouvé : l’armée tchadienne transforme des avions Pilatus en machines de guerre. Les soupçons concernant le possible engagement d’un avion Pilatus dans les attaques récentes de l’armée de l’air tchadienne prennent corps. Ces événements soulèvent deux questions importantes : les deux mécaniciens sur Pilatus rencontrés par la Neue Zürcher Zeitung il y a une année à Ddjamena se trouvaient-ils dans la capitale tchadienne pour armer les PC-7 et le PC-9? Sur l’ordre de qui et pour quelle mission les deux pilotes portant des casquettes militaires suisses se trouvaient-ils à l’aéroport de la capitale tchadienne (leur présence là-bas nous a été rapportée par un témoin il y a six mois)? Si ces deux questions ne trouvent pas de réponse d’ici à la session de printemps, les Verts demanderont des explications par voie parlementaire.
Le reportage de 10vor10 met surtout en évidence avec quelle facilité il est possible de transformer un avion d’entraînement en un avion de combat. C’est pourquoi une initiative parlementaire des Verts demande que l’avion d’entraînement Pilatus soit soumis à la Loi fédérale sur le matériel de guerre. Mais cela ne réglera pas le problème car nous savons d’expérience que le Conseil fédéral donne trop facilement son aval à l’exportation de matériel de guerre dans des régions en crise. Pour éviter tout abus dans ce domaine, une solution à long terme ne peut être trouvée qu’en interdisant totalement l’exportation de matériel de guerre. C’est ce que demande l’initiative du GSsA que les Verts soutiennent activement.

L’exportation de matériel de guerre en Afrique centrale est d’autant plus scandaleuse que la Suisse y engage des forces civiles dans des projets d’aide humanitaire. Dans ce contexte, l’idée récurrente de détacher des soldats suisses dans cette région est totalement absurde. Il est de notoriété publique que le Tchad est impliqué activement dans les conflits de la zone frontière entre le Tchad et l’Afrique centrale. La mesure la plus importante et la plus urgente que la Suisse puisse prendre pour diminuer la violence dans cette région est d’ordonner un arrêt immédiat des exportations pour tout matériel de guerre et tout autre bien pouvant être utilisé en tant que tel.