De plus en plus de jeunes en âge d’accomplir leur service militaire choisissent le service civil. Plutôt que de rejoindre une armée suisse dont l’utilité est largement mise en doute, ils sont prêts à consacrer un temps sensiblement plus long à des tâches d’utilité publique. Soupçonner ces jeunes d’être des tire-au-flanc est une insulte aux convictions personnelles dont ils apportent la preuve par l’acte, comme le reconnaît la loi actuelle.

Au lieu de saluer cette évolution vers une société plus pacifique et d’engager un vrai débat sur la raison d’être du service militaire obligatoire, le Conseil fédéral croit bon d’approuver des mesures pour limiter l’accès au service civil. Le but du gouvernement est de faire baisser le nombre de civilistes en obligeant les recrues à passer un « entretien structuré » relatif à leur demande d’admission au service civil. Les raisons des « candidats » seront examinées selon divers critères, et à moins qu’ils n’invoquent sans équivoque le conflit de conscience, les recruteurs auront pour mission de les motiver à accomplir leur service militaire.

Une telle procédure ouvre la porte à toutes sortes d’abus, et on peut sérieusement mettre en doute sa légitimité, puisque elle vise uniquement à masquer le manque de crédibilité avéré de l’armée suisse, à l’heure où les armées européennes réduisent leurs effectifs. Les Verts dénoncent la réintroduction déguisée de l’examen de conscience, une mesure vexatoire totalement anachronique, que le Parlement a d’ailleurs explicitement rejetée la semaine dernière. Pour les Verts, le service civil doit être accessible sans restrictions à toutes et tous sur une base volontaire. C’est la seule alternative sensée à une armée en pleine déliquescence.