Pesticides : qui rédige les ordonnances d’Albert Rösti ?
Le conseiller fédéral Albert Rösti ne veut définir aucune valeur-limite pour 3 substances pesticides très toxiques, alors que la loi sur la protection des eaux l’exige si leur dangerosité est avérée. Il se plie donc aux intérêts particuliers du lobby agricole et joue avec la santé de la population et de la nature. Les VERT-E-S requièrent de faire toute la lumière sur l’influence du lobby agricole.
Le Conseil fédéral a ouvert aujourd’hui la consultation relative à l’ordonnance sur la protection des eaux. Or, on découvre que notre ministre de l’environnement refuse de définir une valeur-limite pour plusieurs substances pesticides très toxiques (deltaméthrine, foramsulfuron, lambda-cyhalothrine). Il est pourtant prouvé que ces substances polluent l’eau potable, sont cancérogènes, voire léthales pour des organismes aquatiques. En février dernier, on savait déjà que les eaux étaient très insuffisamment protégées – au regard de la loi – contre elles.
Par ailleurs, il est hautement problématique que l’Union suisse des paysans ait été consultée bien avant tout le monde : le projet suit en effet ses recommandations, car elle veut à tout prix éviter de telles limites. « Plaire au lobby agricole semble manifestement plus important à Albert Rösti que de protéger notre eau » s’emporte Christophe Clivaz, conseiller national VS. « Ce faisant, il met sciemment en danger la santé de la population et de la nature. Or, nous savons qu’un environnement sain est essentiel à l’eau potable, à des écosystèmes qui fonctionnent et donc à notre santé et à notre qualité de vie. » Même les agricultrices et agriculteurs compromettent leur propre santé et la qualité de leurs sols.
Une ordonnance de « pollution des eaux » à la genèse obscure
Ce projet montre à quel point le conseiller fédéral Albert Rösti ignore autant les faits scientifiquement établis que le principe de précaution. Plus de la moitié des cours d’eau analysés dépassent déjà les valeurs-limites en pesticides. Trois points de captage sur cinq en zone agricole sont pollués par des résidus pesticides. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) reconnaît lui-même que deux tiers de nos cours d’eau ne remplissent qu’insuffisamment leur fonction de biotope. Le projet est d’autant plus inquiétant pour notre démocratie que la loi sur la protection des eaux prescrit de définir des valeurs-limites pour les substances dont la dangerosité est avérée.
« Les faits scientifiquement prouvés doivent primer sur les intérêts particuliers » insiste Christophe Clivaz. « L’opinion publique a le droit de savoir qui a corédigé ce projet. » C’est pourquoi les VERT-E-S requièrent que toute la lumière soit faite sur le rôle du lobby agricole durant la genèse de la nouvelle ordonnance sur la protection des eaux, en déposant aujourd’hui une demande d’accès auprès de l’OFEV.