Des mesures plus fortes pour respecter l’accord de Paris

  • La COP26, qui se tient à Glasgow jusqu’au 11 novembre, a pour objectif de vérifier la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.
  • Des études publiées par l’ONU montrent que les engagements pris aujourd’hui par les pays mèneront non pas à une réduction de 45% des émissions d’ici à 2030 (par rapport à 2010) comme nécessaire pour atteindre l’objectif des 1.5°, mais à une augmentation de 16% de ces émissions.
  • Pour les VERT-E-S, les engagements pris jusqu’à présents sont largement insuffisants.
  • La Suisse doit davantage s’impliquer pour limiter le réchauffement climatique, notamment en libérant un financement solidaire international.

Six ans se sont passés depuis l’adoption de l’Accord de Paris et les engagements pris jusqu’à présent sont largement insuffisants pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5° Celsius. La COP26 est la dernière chance d’éviter les conséquences les plus catastrophiques. Elle doit éviter un réchauffement de 2,7°. La Suisse doit davantage s’impliquer et des engagements ambitieux doivent être pris à la COP26 à savoir :

  • Diviser les émissions de CO2 par deux d’ici 2030 comme le préconise le GIEC. Références idéales : les étapes du Plan Climat des VERT-E-S
  • Libérer un financement solidaire international important pour le climat : les pays les plus pauvres et certains pays émergents pourront difficilement s’engager sans soutien international. C’est une question de justice puisque les pays occidentaux ont produit beaucoup plus de GES que les pays en voie de développement. L’objectif est d’atteindre 100 milliards de dollars annuels d’aide des pays riches et forts émetteurs de CO2 en faveur des pays plus pauvres, particulièrement menacés par l’impact du réchauffement climatique (fonds ONU). Jusqu’à présents, la Suisse a en partie transféré des fonds de la coopération au développement dans ce financement. Une position que dénoncent les VERT-E-S. Le financement pour le climat doit être additionnel.
  • Investir dans les mesures d’adaptation au changement climatique : l’adaptation aux conséquences des changements climatiques revêt une importance croissante. C’est également un enjeu central pour éviter des crises humanitaires découlant d’importants mouvements migratoires.
  • Considérer le principe de réduction des émissions réalisées à l’étranger comme une mesure possible transitoire et surtout parallèle à des mesures fortes prises à l’intérieur des pays d’origine. Cet aspect, soit l’article 6 de l’accord de Paris sera l’un des enjeux principaux de la négociation. L’interprétation de cet article pourrait permettre aux pays et aux entreprises de continuer leurs activités en achetant le droit de polluer l’atmosphère. En effet, la compensation carbone consiste pour un pays ou une entreprise à financer des projets qui permettent de réduire les émissions de CO2, tels que la captation de carbone, la construction de panneaux solaires ou la plantation d’arbres dans un autre pays, en échange de crédits carbone qui viennent alléger son bilan climat. Pour éviter que ces projets placent les terres et les ressources dans une logique marchande, avec un risque d’accaparements des terres au détriment des communautés locales, il est essentiel que les populations locales soient associées et financées par ces projets.

Pour autant, la Suisse, qui fait clairement partie des pays poussant le plus pour permettre la compensation à l’étranger, ne devrait pas faire de cette mesure une priorité. La priorité pour un pays riche devrait être la réduction des émissions intérieures. D’autant plus que ces certificats font concurrence au soutien solidaire. Les principales critiques sont résumées ici, dans le blog d’Adèle Thorens.

A l’origine de la COP26 

En décembre 2015, l’Accord de Paris a été adopté pour succéder au protocole de Kyoto. Le point essentiel de l’accord est l’obligation juridiquement contraignante de tous les États de formuler et de soumettre tous les cinq ans une contribution déterminée au niveau national fixant ses objectifs de réduction d’émission. Ces objectifs doivent être renforcés tous les cinq ans. La réalisation des objectifs n’est par contre pas contraignante. Les pays ont cependant l’obligation de mettre en œuvre des mesures nationales pour l’atteinte des objectifs et informer de manière transparente sur l’atteinte des objectifs.

De récentes études publiées par l’ONU montrent que les engagements pris aujourd’hui par les pays mèneront non pas à une réduction de 45% des émissions d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 2010) comme nécessaire pour atteindre l’objectif des 1.5°, mais à une augmentation de 16% de ces émissions. Antonio Guterres redoute un échec de la COP26, avec possiblement une direction tendant bien plus à 2.7°C de réchauffement global. Les engagements pris par la Suisse sont considérés comme « insufficient ».