Les deux initiatives contre les pesticides ont été rejetées par le peuple le 13 juin dernier, après une campagne très polarisée et parfois violente. Comment poursuivre notre engagement pour une agriculture plus durable, un engagement qui reste indispensable pour préserver notre santé, comme la biodiversité ?

Suivre la mise en œuvre du contre-projet
Il s’agit tout d’abord de s’assurer que la mise en œuvre du « contre-projet » informel aux deux initiatives que le Parlement a accepté se fasse de manière crédible. Si tel est le cas, cela devrait mener à une réduction des risques liés aux pesticides de moitié d’ici à 2027, ce qui constitue déjà un bout de chemin. Nous nous engageons en outre pour une reprise rapide des discussions sur la Politique agricole 22+, actuellement suspendue par le Parlement. En effet, celle-ci comporte de nombreuses mesures favorables à l’environnement. Aux yeux des VERT-E-S, elle devrait contribuer à un élargissement de perspective. Les agricultrices et agriculteurs ne peuvent pas, seul-e-s, réaliser la transition écologique de leur secteur. Nous avons besoin d’une politique agro-alimentaire durable, qui implique l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur, y compris la distribution et les consommatrices et consommateurs. Cette politique devrait englober également les importations.

Politique tournée vers le dialogue
Dans tous les cas, la marge de manœuvre reste étroite, car la majorité du Parlement défend encore un système agro-alimentaire ultra-productiviste, orienté sur le court terme, basé sur le gaspillage, la surexploitation des ressources et le dumping écologique et social. Pour pouvoir avancer, nous avons besoin de partenariats forts. Nous devons travailler main dans la main avec les milieux agricoles progressistes : association des petits paysans, Bio Suisse, femmes paysannes, ainsi que toutes les agricultrices et agriculteurs disposés à entamer la transition écologique. Le dialogue doit aussi se faire avec leurs partenaires dans le monde de la transformation et de la distribution. Nous devons enfin encourager les consommatrices et consommateurs à modifier leur comportement, car l’agriculture produit en bonne partie en fonction de la demande. Seule une alliance forte – et pourquoi pas un projet commun – entre les écologistes, l’agriculture et le secteur alimentaire progressistes, ainsi que les consommatrices et consommateurs nous permettra de réaliser la transition. Les VERT-E-S collaborent en outre de plus en plus avec les milieux médicaux sur cette thématique, qui constitue malheureusement un enjeu de santé publique de plus en plus important.

Adèle Thorens
conseillère aux États VD
@adelethorens