Discours présidentiel Adèle Thorens – AD 22.08.2015
Discours présidentiel Adèle Thorens – Assemblée des délégué-e-s du 22 août 2015, Schaffhouse.
Chères Vertes, chers Verts,
2015 est marquée par les incertitudes. Le franc fort est venu s’ajouter aux craintes liées à l’application du nouvel article constitutionnel sur l’immigration de masse. Les citoyens sont inquiets pour l’avenir de nos emplois et pour notre capacité, en cas de crise, à maintenir nos équilibres économiques et sociaux.
L’UDC et le PLR ont saisi ce prétexte pour attaquer frontalement les dossiers environnementaux majeurs qui sont sur la table. La Stratégie énergétique vient d’être considérablement affaiblie par la commission de l’environnement des Etats : plus de bonus-malus pour l’efficacité énergétique, limitation dans le temps des soutiens aux énergies renouvelables et, surtout, remise de la sortie du nucléaire à la prochaine génération. Nous venons d’apprendre que la cuve du réacteur de Beznau souffre de faiblesses jamais détectées jusqu’ici, alors qu’elles existent peut-être depuis des années, et qu’elle ne résistait pas aux tremblements de terre. L’IFSN, qui est sensé veiller sur notre sécurité, a fermé les yeux sur ces problèmes et même interprété la loi de manière erronée, afin d’éviter de devoir fermer la centrale avec effet immédiat ! Au même moment, la commission des Etats décide de permettre l’exploitation de cette installation déjà vétuste, accessoirement la plus vieille centrale nucléaire du monde, plus de 60 ans, sans même qu’un concept d’exploitation de longue durée soit élaboré ! C’est une véritable bombe à retardement et un hold-up des exploitants sur la sécurité des habitants de ce pays. Les Verts interviennent et interviendront par tous les moyens – au Parlement suisse, au Parlement allemand via notre parti voisin, en soutenant la procédure juridique lancée sous l’égide de notre députée argovienne et candidate au Conseil national Irène Kälin et, s’il le faut, via notre initiative populaire en 2016 – pour fermer immédiatement cette centrale et limiter la durée de vie des autres réacteurs. On ne sort pas du nucléaire avec de belles paroles ! Nous voulons des actes ! La sortie du nucléaire ne sera réalisée que lorsque les cinq réacteurs de ce pays seront éteints – comme en ce début de semaine, où personne n’a pourtant dû retourner aux bougies – et que l’assainissement des sites ainsi que la gestion des déchets seront assurés et financés par leurs exploitants.
Les Verts maintiennent aussi la pression pour que le Conseil fédéral prenne ses responsabilités en matière de politique climatique. Nous venons de lancer notre campagne en vue du sommet de Paris et déposerons une interpellation urgente à ce sujet pendant la session. Nous voulons savoir comment le Conseil fédéral compte faire pour que les étés à venir ne reproduisent pas systématiquement la canicule que nous venons de vivre, avec ses conséquences funestes sur l’environnement, l’agriculture ou la santé. Nous nous engagerons, à tous les niveaux, y compris via une procédure juridique sur laquelle Luc Recordon travaille actuellement, pour que la Suisse se fixe des objectifs lui permettant de contribuer à une limitation du réchauffement en dessous de 2 degrés, pour qu’elle les atteigne de manière conséquente et pour qu’elle soutienne les pays les plus défavorisés dans leurs efforts. Là encore, nous en avons assez des promesses. Nous voulons des actes !
Pendant ce temps, le PLR intervient pour que notre pays achète des droits d’émission de CO2 plutôt que de les réduire dans nos frontières. Cette attitude est écologiquement irresponsable, mais aussi économiquement absurde, tout particulièrement en cette période de franc fort. En effet, l’assainissement énergétique des bâtiments crée des emplois dans notre pays et les économies d’énergie – y compris fossile – rendent nos entreprises plus efficientes et donc plus concurrentielles. Il est dès lors dans notre intérêt comme dans celui du climat de réduire nos émissions de CO2 sur place, plutôt que de participer à un marché des indulgences dysfonctionnel et dont l’impact réel sur le climat est contesté. Nous le verrons tout à l’heure avec nos solutions à la crise du franc fort et des ressources : la politique environnementale crée des emplois et renforce notre économie en la rendant plus innovante. C’est aussi tout le propos de notre initiative pour une économie verte et de son contre-projet, sur lequel le Conseil national est entré en matière de justesse en juin et que nous traiterons en détail à la session de septembre.
Chères déléguées, chers délégués, nous sommes maintenant dans la dernière ligne droite de notre campagne. Nous devons réveiller ceux qui pensent que les enjeux écologiques sont résolus dans notre pays. Car après le 18 octobre, il sera trop tard: c’est le prochain parlement qui décidera de la sortie du nucléaire et de la politique climatique à venir. Sans une délégation verte forte, les enjeux environnementaux cèderont face aux intérêts particuliers et à la courte-vue des partis conservateurs. Engageons-nous toutes et tous, avec détermination, dans ces huit semaines de campagne, pour défendre une Suisse humaniste, ouverte sur le monde, confiante et innovante, qui mette toute sa créativité et ses ressources au service de la durabilité.