Discours présidentiel Regula Rytz – AD 12.01.2019
Discours présidentiel Regula Rytz – Assemblée des délégué-e-s du 12 janvier 2019, Emmenbrücke (LU).
Chères Vertes, Chers Verts,
C’est parti ! Dans 9 mois nos concitoyennes et concitoyens élisent un nouveau Parlement. Et c’est une bonne chose, car les temps sont mûrs pour le changement. La Suisse a besoin de nouvelles majorités. La Suisse doit devenir plus écologique et plus sociale. La Suisse a besoin de valeurs, d’intégrité et de visions… donc de Vert.
Le virage à droite de 2015 a laissé de profondes traces de freinage, voire de rétropédalage comme en politique environnementale. Par exemple, avec la « lex Beznau ». Il a instauré l’ère des vampires nucléaires en Suisse – les morts-vivants sont de retour. Ou en politique des transports. Là, le chef de l’Office fédéral des routes veut restaurer la folie bétonnière des années 70. Ses visions – cauchemardesques – vont des autoroutes à 2 étages à l’élargissement des routes pour les 4×4 en passant par des axes d’accès aux villes à 6 voies. Malheureusement, il ne fait pas que rêver, il agit également et planifie la plus grande offensive bétonnière depuis 40 ans. Au lieu d’investir des milliards dans la protection climatique, on va investir des milliards dans la destruction du climat. Mais ce sera sans nous !
Un tel déni de l’avenir se fera sans nous. A l’Assemblée fédérale, à Bienne, à Lucerne, à Lausanne : partout les VERT-E-S s’y opposent. Nous descendons à nouveau dans la rue pour une mobilité écologique et des quartiers où il fait bon vivre. Comme à nos débuts, il y a 36 ans. Et contrairement au lobby automobile, bien assis au volant, nous avons gardé la forme !
Même la politique climatique est enlisée dans un passé aux relents fossiles. « Aux enfants de payer », telle est la devise des partis bourgeois en matière de loi sur le CO2. La protection climatique devrait, selon eux, être transférée à l’étranger via des permis de polluer. Une taxe sur les billets d’avion ? une taxe dissuasive sur les carburants ? remplacer les chauffages à mazout ? le Conseil national n’en a cure. Et pourtant de nombreuses votations ont été très serrées. En disposant de quatre à cinq sièges supplémentaires, nous aurions pu apporter des améliorations décisives. C’est pourquoi nous devons gagner les élections fédérales 2019. Seule manière pour la Suisse de prendre le tournant climatique.
Une année avant les élections fédérales 2019, on voit à quoi tiennent les partis et pour qui ils s’engagent. Les VERT-E-S tiennent à une Suisse moderne, écologique, démocratique, sociale, ouverte et garante des libertés. A une Suisse faisant preuve d’esprit pionnier et à une Suisse qui défend ses valeurs. On ne vote pas Vert pour mettre les pieds contre le mur. On vote Vert pour faire avancer la Suisse – une Suisse, membre d’un monde connecté et solidaire.
Ces prochaines années beaucoup sera en jeu, tout sera en jeu. Nous sommes à la veille d’une transformation profonde de la société et de l’économie. Il ne nous reste que 10 à 15 ans pour nous libérer de notre dépendance aux énergies fossiles. Tâche herculéenne, qui ne sera pas accomplie en la renvoyant aux calendes grecques, ni en buvant du thé. Ne rien faire coûtera beaucoup plus cher que de nous y atteler. Par conséquent, il n’y a qu’une issue : aller de l’avant. Car vouloir que le monde reste tel qu’il est, c’est vouloir qu’il ne reste pas (Erich Fried).
Nous, les VERT-E-S, nous voulons qu’il reste – et nous y apportons des solutions. Nous marquerons l’année de ces élections fédérales 2019 dès maintenant. En février déjà, nous voterons sur l’initiative contre le mitage des Jeunes Verts. A première vue, cette initiative traite de l’aménagement du territoire, de trajets plus courts, de quartiers d’habitation et de développement urbain. Autant de thèmes classiquement Verts, qui contribuent à une meilleure qualité de vie. En fait, il s’agit bien plus que de cela. Il s’agit de l’espace qui est encore à disposition en Suisse pour la nature, pour une agriculture écologique, pour la biodiversité. La Suisse a été le premier pays au monde à protéger ses forêts en tant que ressource naturelle vitale. Il est maintenant grand temps de protéger le sol.
Puis, en mai il sera question du climat social dans ce pays. Secondés par quelques syndicats, la liste alternative et des partis de gauche de Suisse romande, nous avons réussi, de concert avec les Jeunes Verts, à faire aboutir le référendum contre le Projet fiscal 17 (RFFA), muni de plus de 60’000 signatures. Plus de 22’000 ont été récoltées par les VERT-E-S : quelle fantastique performance par ces temps de vent contraire glacial !
C’est à dessein que je vous parle du référendum contre le Projet fiscal 17. Car les VERT-E-S ne remettent pas en question le coup de pouce financier à l’AVS. Au contraire : il est urgent de stabiliser les finances de l’AVS et lui offrir un répit financier. L’AVS est l’assurance sociale la plus importante dans ce pays : selon la Constitution, elle devrait assurer le minimum vital. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui – de nombreuses personnes âgées en Suisse ne s’en sortent que grâce aux prestations complémentaires, aux subsides pour les primes d’assurance-maladie ou encore aux aides octroyées pour les soins à domicile ou l’EMS. Mais à l’avenir il n’y aura plus d’argent pour ces prestations. Car le Projet fiscal 17 – comme sa sœur aînée la Réforme de l’imposition des entreprises III – entraînera des pertes fiscales non compensées dans les cantons et les communes. Des démantèlements dans le service public sont donc programmés.
Or, pour nous l’enjeu de cette votation est également la question de la justice fiscale. Ici et ailleurs. L’exemple de la France nous montre à quel point l’équilibre social est important : depuis des semaines, des centaines de milliers de personnes protestent contre un impôt climatique sur l’essence et le diesel. C’était la goutte qui a fait déborder le vase. Aujourd’hui nous le savons : les « gilets jaunes » n’ont aucun problème avec la protection climatique. Ils ont un problème avec un gouvernement qui navigue à vue. Un gouvernement qui abolit l’imposition de la fortune pour les riches, qui baisse l’aide au logement des plus vulnérables et parallèlement augmente les taxes à la consommation. Davantage de gâteaux, moins de pain : un mélange explosif. De nombreuses personnes en Suisse et en Europe craignent à raison d’être marginalisées, à cause notamment de la numérisation et de la globalisation du marché du travail. C’est pourquoi une politique Verte doit être une politique sociale et durable, à l’économie équitable sans croissance à tout prix.
Nous, les VERT-E-S, nous sommes le seul parti en Suisse à conjuguer systématiquement les questions environnementales avec les questions sociales et les droits fondamentaux. Et nous sommes le seul parti à être membre à part entière d’une faîtière européenne et mondiale. La semaine prochaine, je vais à Strasbourg pour y rencontrer des spécialistes fiscaux et agricoles des Verts européens. Et je parlerai également de l’accord-cadre avec leur président, Reinhard Bütikofer.
Chères Vertes, chers Verts : nous avons besoin de cet accord-cadre, nous voulons cet accord… mais un accord qui – des deux côtés de la frontière – sera synonyme d’une Europe sociale, écologique et démocratique. Or, nous avons fait une proposition. Notre réponse à la politique de blocage d’Ignazio Cassis est : une meilleure harmonisation fiscale au lieu de moins de protection des salaires. Si le président de la Confédération, Ueli Maurer, veut renégocier cet accord, il lui faut un geste véritablement libérateur. Et ce ne peut être que celui-ci : la Suisse renonce à attirer les entreprises de pointe de ses voisins à coup de sous-enchère fiscale. En contrepartie, l’UE renonce à affaiblir la protection des salaires. Et tout le monde est content.
Malheureusement la discussion actuelle en Suisse ne tourne qu’autour des intérêts nationaux, donc qu’autour de son nombril. Or, il est question de beaucoup plus que cela. Les élections européennes de mai 2019 vont marquer un tournant historique. Dans tous les pays européens, les grands partis traditionnels sont en crise et dépassés par les mouvements populistes. Ceux-ci remettent de plus en plus en question les règles du jeu de la démocratie libérale moderne, règles durement acquises au cours de l’histoire. C’est-à-dire les droits universels et inaliénables, nos droits fondamentaux et humains, ainsi que le fondement écologique et social d’une économie durable.
Dans les pays à forte représentation Verte, le déclin des partis traditionnels a pu être en partie amorti. Pour de nombreuses personnes dans toute l’Europe, les VERT-E-S sont porteurs d’avenir. Il s’agit d’accroître cette force lors des élections européennes de mai 2019, en tant que rempart à l’échelle du globe contre le populisme de droite et contre le droit des plus forts et des cyniques. Nous, les VERT-E-S suisses, nous voulons également y contribuer. Nous lancerons en février un appel à voter Vert à toute personne au passeport européen vivant en Suisse. De plus, lors d’une journée européenne qui aura lieu le 28 février, nous discuterons de ce qui divise l’Europe et de ce qui la rassemble.
Le 14 juin, femmes et hommes feront grève en faveur de l’égalité salariale, de la conciliation travail – famille et d’une représentation équitable des femmes dans les instances décisionnelles, économiques et politiques. Nous sommes déjà en plein préparatifs, même si à l’interne il y a relativement peu à faire. Les VERT-E-S sont à l’avant-garde de l’égalité. Nous avons été le premier parti national à être présidé par une femme… et cela presque toujours. Les femmes ont occupé la moitié des présidences Vertes de ces 36 dernières années. De même que la moitié de tous les mandats parlementaires ou exécutifs dans les cantons et les communes. Nous ne parlons pas de l’égalité – nous la vivons. Egalement dans les lieux de pouvoir et d’influence, alors que pour tous les autres partis cela s’arrête au mieux à leurs portes. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas nous améliorer. En cette année électorale féminine 2019, nous voulons que davantage de femmes et de jeunes soient élus au Parlement. Et nous voulons accéder au Conseil des Etats grâce à au moins sept fortes candidatures féminines. Nous savons ce que nous voulons… alors au travail !
Chères Vertes, chers Verts. Nous sommes bien préparés pour ces élections décisives. Notre but est de gagner quatre sièges supplémentaires au Conseil national et d’être mieux représentés au Conseil des Etats. Nous avons de bonnes cartes en mains. Si la Suisse votait demain, les VERT-E-S seraient les grands gagnants du scrutin. Mais attention, on ne va pas nous faire de cadeau ! Chaque minute d’engagement, chaque franc versé, chaque nouveau membre contribue à notre réussite. Protection de l’environnement, droits fondamentaux, égalité, une économie juste et durable et une démocratie de la diversité : le renouveau est Vert. Ici et ailleurs !