Des interprètes pour les patients allophones
Des problèmes de compréhension parasitent souvent la communication entre les médecins et les patients allophones. Il en résulte des malentendus et des erreurs de diagnostic qui peuvent occasionner des frais considérables. Le Conseiller aux Etat Luc Recordon (Verts/VD) a déposé aujourd’hui une motion demandant au Conseil fédéral de mettre en place un service d’interprètes à même de faciliter le dialogue entre soignants et patients. Le Conseil fédéral devrait en outre se charger du financement de ce service.
Dans les assurances sociales, de même que dans le domaine judiciaire, le recours à des interprètes est reconnu et généralement financé par les pouvoirs publics. Ce besoin se fait également sentir dans le domaine de la santé. Le recours aux interprètes devrait permettre d’éviter les coûts considérables que peuvent engendrer les erreurs de diagnostics et de traitement aussi bien que la renonciation à se soigner, en raison de problèmes de communication.
Les solutions ad hoc souvent utilisées consistant à faire appel aux proches ou au personnel des hôpitaux sont considérées comme inadéquates pour des raisons de compétences, de disponibilité ou de protection de l’intimité du patient.
La motion présentée aujourd’hui demande la mise en place d’un système souple. Aussi bien les établissements hospitaliers que les praticiens privés devraient pouvoir disposer d’un réseau d’interprètes, fonctionnant éventuellement par téléphone, pour les problèmes simples de compréhension mutuelle, ainsi que d’un réseau d’interprètes communautaires (leur formation est reconnue aujourd’hui sur le plan fédéral) pour les situation nécessitant une approche approfondie. Le recours à ces prestations ne serait pas systématique, mais leur financement devrait être réglé de manière uniforme et cohérente.
Faute d’un système de financement cohérent, les besoins ne sont pas couverts. Selon les expériences d’Appartenances à Genève et à Lausanne, on assiste à un « bricolage » inéquitable et indigne du dispositif de santé et de la politique d’intégration. De plus, l’inégalité d’accès aux services d’interprétariat pour les médecins privés, par rapport aux hôpitaux, induit un surcoût des frais médicaux.
Pour cette raison, la motion est approuvée par l’association suisse INTERPRET pour l’interprétariat communautaire et la médiation culturelle. Les interprètes communautaires certifiés sont des professionnels qui garantissent des traitements médicaux adéquats aux patient-e-s qu’ils accompagnent, dans le strict respect du secret médical. Le financement de leurs prestations doit être réglé. Depuis 2004, 560 interprètes communautaires ont obtenu le certificat INTERPRET qui atteste de leur professionnalisme.
Le réseau des hôpitaux promoteurs de santé HPH – un réseau de l’OMS – demande que les critères du « Migrant Friendly Hospital » soient reconnus par les cantons et les assurances-maladie. Ceux-ci prendraient en charge les frais de traduction des institutions pour autant qu’elles appliquent expressément les critères de qualité. La législation fédérale devrait encourager ce processus.