L’initiative pour les familles exige que les parents qui gardent leurs enfants eux-mêmes bénéficient de déductions fiscales au moins égales à celles accordées aux parents qui font appel à des tiers pour garder leurs enfants. Cela peut sembler attrayant, et d’ailleurs qui voudrait remettre en doute le mérite des mères au foyer ? Mais les apparences sont trompeuses, car l’UDC tente en fait de favoriser le modèle familial traditionnel au détriment des autres modèles.

Le système fiscal serait complètement renversé
L’initiative pour les familles mettrait à mal notre système fiscal: une déduction suppose qu’un salaire ait été gagné, et que des frais aient été effectivement dépensés pour faire garder un enfant. Ceux qui n’ont pas de réels frais de garde d’un enfant par un tiers ne peuvent pas prétendre à une déduction fiscale.

Cela reviendrait à accorder une déduction fiscale pour quelqu’un qui s’occupe de sa mère malade ou d’une voisine âgée et en fin de vie. Cela n’a aucun sens, et serait un signal trompeur pour toutes les personnes qui travaillent bénévolement dans notre pays sans bénéficier de déductions fiscales, mais qui sont des travailleurs non-négligeables pour notre économie, que la société valorise.

Les seconds revenus financent nos assurances sociales
Les parents qui travaillent les deux, et donc qui font garder leurs enfants par des tiers, doivent assumer eux-mêmes des frais plus importants pour la garde de leurs enfants. En outre, ce type de famille paie des impôts plus élevés, en raison de leur deuxième revenu, et contribuent ainsi activement à la collectivité et aux assurances sociales. Cela mérite également une appréciation à sa juste valeur.

Ironie du sort, cette initiative émane de l’UDC, parti qui prône justement les économies, alors que ce projet représente purement et simplement un vol dans les caisses de la Confédération. En effet, l’acceptation de l’initiative conduirait à des pertes de recettes fiscales avoisinnant les 1.4 milliards de francs pour la Confédération et les cantons. Le manque à gagner serait alors à combler par les familles en question, alors qu’elles ne peuvent bien souvent pas se passer d’un deuxième revenu.