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La démocratie directe a besoin de citoyennes et citoyens informés. Une information adéquate est nécessaire pour prendre des décisions adéquates. Sans diversité médiatique, impossible de se comprendre entre les différentes cultures que forment notre société. Sans un réseau médiatique mondial, la Suisse ne peut s’intégrer au reste de la planète. Nos médias jouent un rôle essentiel pour positionner notre pays dans le monde, pour faire vivre ensemble nos cultures et nos régions linguistiques et pour décider de l’avenir politique de la Suisse.

Les prestations médiatiques en Suisse, comme partout ailleurs, sont menacées. Alors qu’autrefois, une multitude de médias se faisaient concurrence et leurs informations et opinions balayaient tout l’échiquier politique, aujourd’hui cinq entreprises familiales (Tamedia, Ringier, AZ Medien, BaZ/Blocher, Somedia) et une entreprise médiatique partisane (NZZ) se partagent le marché privé, parfois déjà sous forme de monopoles multimédias régionaux. Les revenus du marché médiatique traditionnel se réduisent comme peau de chagrin. Et dans l’arène politique, la SSR/SRG subit une pression phénoménale. Le service public et privé est même menacé dans son existence par l’initiative No Billag.

En Suisse également, internet devient l’espace commun à tous les médias. Mais il ne faut pas qu’il se transforme en champ de bataille dévastateur entre entreprises médiatiques suisses privées et publiques. Car seuls en profiteraient des magnas politiquement ambitieux et les conglomérats médiatiques ou cybernétiques internationaux, qui grignotent toujours plus le marché médiatique suisse.

Indépendance, diversité, qualité et structures démocratiques restent les critères essentiels d’un média proche des citoyennes et citoyens – même dans une société numérique.

C’est pourquoi les Verts requièrent un nouveau partenariat entre médias privés et (para)publics. Le système médiatique suisse doit pouvoir exister face à la concurrence mondiale. Dans une démocratie directe, il doit servir également les régions et localités plus réduites ainsi que les différentes régions linguistiques. Et la numérisation offre à cet égard de nombreuses possibilités.

Maintenir le service public

Un pays comme la Suisse avec ses petites minorités, ses petits marchés et sa démocratie directe est tributaire de médias de service public. Les médias privés ne fournissent pas de prestations médiatiques pour ces petits marchés et ne prennent pas en compte les intérêts en termes de médias des minorités régionales et linguistiques – car ceci ne sera jamais rentable.

Il ne conviendrait pas non plus de laisser le marché financer seul les informations électroniques suisses ou de l’étranger et une création culturelle de qualité, innovante et contemporaine.

A l’avenir également, le service public doit apporter sa contribution à la formation, au développement culturel, à la libre opinion et aux loisirs de toutes les régions linguistiques. Mais il doit également être réformé. Tour d’horizon :

Les moyens dont elle dispose doivent se situer au niveau actuel (budget 2015).

Le service public consolidera son caractère démocratique. Grâce à internet, il peut et doit s’ouvrir à toute la diversité de la population suisse.

La politique du personnel de la SSR/SRG reflètera toute la diversité de la population, à tous les échelons.

La SSR /SRG doit se distinguera des prestataires privés par le choix et le traitement de ses contenus ; elle applique de manière exemplaire les critères de professionnalité des médias.

La SSR doit réduire la publicité à un niveau raisonnable.

Il faudra consolider l’indépendance journalistique du service public vis-à-vis de l’Etat, des autorités étatiques ainsi que des conglomérats économiques et politiques. Cela nécessitera une autorité de surveillance et de régulation indépendante pour l’ensemble des médias.

Le rôle de la SSR

La SSR tient compte dans ses structures de la réalité fédérale de notre pays. Elle développe pour chaque région des programmes originaux et les propose à tous les groupes de la population. Elle renforce ainsi l’identité culturelle des minorités régionales et linguistiques et encourage les échanges. Ceci est essentiel pour la cohésion de notre pays plurilingue situé au cœur d’une Europe dynamique et d’un monde globalisé.

La SSR/SRG doit saisir les opportunités qu’offre internet afin de renforcer son attractivité auprès de la jeune génération et auprès des minorités.

Améliorer les conditions des médias journalistiques privés

La concurrence commerciale et journalistique se doit d’être également équitable dans l’espace numérique commun d’internet. Pour ce faire,

  • la SSR/SRG met à la disposition des médias privés des contenus aux mêmes conditions, selon des règles claires et tout en respectant les droits d’auteur,
  • l’argent public sert également à soutenir des plates-formes communes pour les produits journalistiques privés,
  • il convient de concevoir un encouragement indirect et de nouveaux instruments d’encouragement direct de la diversité médiatique et de la liberté de presse suisses, l’indépendance vis-à-vis de l’Etat est garantie,
  • formation (initiale, continue) et perfectionnement assurent la qualité médiatique.

Droits civiques, protection des données

La protection de la sphère privée et des droits civiques ne doit pas pâtir d’une multiplication des réglementations en matière de communication.

  • Le réseau doit être strictement neutre.
  • Il faut impérativement avoir l’accord préalable des utilisatrices et utilisateurs pour récolter leurs données et les traiter (modèle d’inclusion : opt-in). Pas d’accord, pas de récolte de données.

Invitation à collaborer

Les Verts suisses collaborent avec toutes les forces sociales et politiques prêtes à élaborer rapidement des mesures pour assurer la diversité des médias démocratiques.