© Nicola Fioravanti Unsplash

A l’époque, le chemin qui nous a mené à Crypto AG passait par Marc Rich, comme s’appelait alors Glencore. Nous avons découvert en 1982 qu’il était devenu le plus important fournisseur de pétrole de l’Afrique du Sud. D’autres entreprises zougoises collaboraient-elles avec l’apartheid ? Or, en 1983 nous sommes tombés sur les relations d’affaire de l’entreprise de cryptage Steinhauser avec ce régime raciste, internationalement boycotté.

56 ans PDC, 28 ans PLR

Nous avons ensuite découvert que l’ancien syndic PDC Philipp Schneider faisait partie des fondateurs de Crypto AG en tant que membre du conseil d’administration (CA), puis président à partir de 1970. Walther A. Hegglin, syndic de la ville de Zoug, lui succède en 1982 comme membre du CA, puis président dès 1988. Vient ensuite en 2002 Georg Stucky, ancien conseiller d’État et conseiller national PLR, qui siège au CA à partir de 1992. De 2014 à 2018, un ancien président du PLR suisse, le conseiller aux États Rolf Schweiger fait également partie du CA. Conclusion : le PDC a siégé 56 ans, le PLR 28 ans au CA d’une entreprise qui n’a pas simplement enfreint la neutralité suisse, mais qui en a effrontément abusé.  

En 1985, nous avons organisé une manifestation contre la collaboration des multinationales zougoises avec le régime de l’apartheid. Tous les autres partis s’en sont distancés. Crypto AG avait entouré son terrain de barbelés : ceux-ci en disaient plus long sur leur mauvaise conscience que sur nos intentions. De même en 1994, nous étions également seuls, lorsque nous avons présenté avec Res Stehle et Hans Bühler, « Verschlüsselt – Der Fall Hans Bühler » (« crypté – le cas Hans Bühler »). Jusqu’à tout récemment, la responsabilité des multinationales n’a été qu’une cause des Alternatifs dans le canton de Zoug.

Neutralité à la Crypto

En février 2020, les « Cryptoleaks » ont non seulement confirmé les soupçons de Bühler et Strehle, que les appareils de cryptage étaient manipulés dans l’intérêt de la CIA, mais également révélé que l’entreprise avait appartenu aux Renseignements américains et jusqu’en 1993 aux Renseignements allemands. La neutralité suisse s’avère être ainsi une neutralité à la Crypto, ce qui semble être bien égal à l’UDC. Le PLR, lui, opte pour la fuite en avant en relativisant complètement la neutralité. Le PDC se tait – malgré ses connexions zougoises. Le PS parle de scandale et demande, avec les VERT-E-S, une commission d’enquête (CEP). Pourquoi sont-ils les seuls à exiger la publication du rapport Oberholzer ? Les partis gouvernementaux et les Vert’libéraux ne veulent-ils pas déplaire à l’OTAN ? Les VERT-E-S exigent une transparence totale.

Josef Lang
anc. conseiller national ZG
@josef_lang