Les auteurs de l’initiative préconisent un retour en arrière, alors que l’on fête cette année de nombreux acquis en matière de politique de l’égalité : 40 ans de droit de vote des femmes, 30 ans depuis l’adoption de l’article sur l’égalité et 20 ans de grève des femmes. L’initiative remet en cause un acquis important, la solution des délais approuvée il y a neuf ans par 72,7% des votants.

L’argumentation, reprise par des politiciens et politiciennes issus des partis gouvernementaux UDC, PDC et PLR, ainsi que du PEV et de l’UDF, est purement économique : il s’agirait d’endiguer l’augmentation constante des coûts de la santé. L’économie serait toutefois mineure. Si toutes les « affaires privées » étaient rayées des prestations de l’assurance de base, les économies devraient concerner toutes les maladies – le corps et ses faiblesses sont en fin de compte également des affaires privées. Le plus grave est que cette économie se ferait sur le dos des femmes, qui sans les hommes ne seraient pas enceintes. L’initiative passe sous silence la responsabilité de l’homme.

Le but de cette initiative est de punir les femmes pour une décision que personne ne prend à la légère et qui représente une expérience douloureuse. Conformément à la solution en vigueur des délais, une femme concernée doit signer une déclaration, reconnaissant une situation de détresse, attestant de son désir d’avorter, après avoir reçu l’avis médical imposé par la loi.

Personne ne prône l’avortement mais dans des situations de détresse, cette voie doit rester possible. C’est précisément le sens de la solution des délais. Une remise en cause de cette solution, obtenue après de longues tergiversations, est irréfléchie, bornée et inhumaine, et va à l’encontre de son temps.