Les temps sont mûrs pour une caisse maladie publique. Les assureurs privés ont eu leur chance, mais ils n’ont pas su la saisir. Ils n’ont montré que très peu d’intérêt pour de nouveaux modèles d’assurance et n’ont investi, ni dans la prévention, ni dans une amélioration de la qualité de la couverture médicale. Ils s’opposent à une péréquation des risques digne de ce nom tout en continuant à mettre sur pied des caisses bon marché, afin d’attirer les « bons risques », précipitant ainsi l’idée même de concurrence dans l’absurdité. Aujourd’hui, par exemple, 20% des personnes assurées génèrent 80% des coûts de la santé. C’est symptomatique de la nécessité qu’il y a à améliorer considérablement la prise en charge des malades chroniques. Malheureusement, dans le système actuel, personne n’y a intérêt en raison des fausses incitations suscitées par la perpétuelle chasse aux « bons risques ». Un écueil que permettrait de franchir le passage à une caisse maladie publique.

L’assurance-maladie obligatoire doit donc être gérée par un organisme public disposant d’antennes cantonales ou régionales. Une association regroupant des partis politiques, des organisations professionnelles, de défense de consommateurs ou de patient-e-s ainsi que des syndicats entend dès lors lancer prochainement une initiative populaire fédérale visant à introduire une caisse maladie publique. Le texte de l’initiative a déjà été déposé auprès de la Chancellerie fédérale, la récolte de signatures devrait encore débuter cette année.

Le projet de l’initiative « pour une caisse maladie publique » 

Une caisse publique d’assurance-maladie associe les dispositifs éprouvés de l’AVS et de la SUVA: une institution nationale est responsable de l’assurance-maladie obligatoire. Des agences cantonales et régionales déterminent les primes, se chargent de les percevoir et de payer les prestations. La conduite de l’institution est assumée par la Confédération, les cantons et les personnes assurées. La création d’une caisse maladie publique signifie donc que les caisses maladie telles que nous les connaissons aujourd’hui abandonnent l’assurance maladie obligatoire. Au lieu des quelque 90 caisses maladie actuelles, il n’y en a plus qu’une dont les antennes couvrent tout le territoire national. Le financement demeure assuré par des primes par tête. Celles-ci varient selon les cantons en fonction des coûts effectifs de la santé.