Exporter des armes : notre position verte
Les Vert-e-s rejettent l’exportation d’armes, y inclus vers l’Ukraine. Voici nos arguments.đ
Sommaire
- We stand with Ukraine : le soutien de la Suisse Ă lâUkraine
- Comment se positionnent les VERT-E-S face aux livraisons dâarmes dâautres pays ?
- Faire une chose, ne pas autoriser une autre ou pourquoi la Suisse ne livre pas (indirectement) des armes, en plus de son aide humanitaire et de réglementer le négoce des matiÚres premiÚres ?
- La neutralitĂ©, (pas) un principe dâavenir ?
- Nous voyons les choses autrement : Certain-e-s Vert-e-s défendent une autre position
We stand with Ukraine : le soutien de la Suisse Ă lâUkraine
Pour les VERT-E-S, il est clair que lâUkraine doit ĂȘtre impĂ©rativement soutenue dans la guerre contre lâagression brutale russe. Sur le plan politique, la Suisse ne peut pas ĂȘtre neutre, comme lâexige lâUDC, et nous nous en distançons. Avant mĂȘme que la guerre nâĂ©clate, les VERT-E-S ont Ă©tĂ© le premier parti Ă demander dâabandonner la neutralitĂ© politique, en exigeant des sanctions politico-Ă©conomiques contre la Russie. La Suisse doit soutenir lâUkraine, lĂ oĂč elle peut faire une rĂ©elle diffĂ©rence pour la population sur place. Nous devons apporter enfin une aide humanitaire, Ă hauteur de notre puissance Ă©conomique. Jusquâici la Suisse, un des pays les plus riches au monde, se place Ă une honteuse 33e place. LâAutriche, aussi militairement neutre, fournit quatre fois plus dâaide humanitaire. De mĂȘme, notre pays dispose dâune grande expĂ©rience en matiĂšre de diplomatie et de promotion de la paix pour soutenir la population, quâil peut â et devrait â mettre au service de lâUkraine. Le rĂŽle le plus important de la Suisse est de cesser de financer la guerre russe : une part non nĂ©gligeable du nĂ©goce des matiĂšres premiĂšres russes passe par la Suisse, ce qui a permis aux multinationales dâici dâengranger des milliards de bĂ©nĂ©fices supplĂ©mentaires depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s, alimentant chaque jour le trĂ©sor de guerre russe. De mĂȘme, la recherche de lâargent oligarchique russe stagne : seuls 8 milliards de francs, sur les 200 estimĂ©s, ont Ă©tĂ© gelĂ©s sur des comptes bancaires suisses.
Au Parlement, les VERT-E-S plaident pour des mesures rigoureuses, qui apporteraient Ă lâUkraine un soutien concret durant les prochains mois ou annĂ©es et assĂšcheraient le trĂ©sor de guerre russe Ă moyen et long terme.
Comment se positionnent les VERT-E-S face aux livraisons dâarmes dâautres pays ?
Les particularitĂ©s de la Suisse lui confĂšrent un autre rĂŽle que celui de livrer des armes (directement ou indirectement). Par contre, pour nous, il est clair que lâUkraine doit recevoir des armes dâautres pays, afin de se dĂ©fendre contre cette attaque enfreignant le droit international. Si les VERT-E-S seraient au gouvernement de lâAllemagne, membre de lâOTAN, nous soutiendrions lâUkraine en lui livrant des armes. Nous nous distançons des appels qui exigent de l’Ukraine des nĂ©gociations de paix sans conditions. De tels appels sont incomprĂ©hensibles : câest Ă lâUkraine de dĂ©cider seule quand il sera temps de nĂ©gocier.
Les VERT-E-S ne s’opposent pas (en all.) Ă la revente dâarmes du stock suisse aux pays europĂ©ens â par exemple les chars Leopard 2 demandĂ©s par Rheinmetall / Allemagne (pour autant que les armes ne soient pas ensuite livrĂ©es Ă lâUkraine). Il ne sâagit ici que de mettre Ă disposition des chars de lâarmĂ©e suisse, officiellement hors service.
Faire une chose, ne pas autoriser une autre ou pourquoi la Suisse ne livre pas (indirectement) des armes, en plus de son aide humanitaire et de réglementer le négoce des matiÚres premiÚres?
Notre opposition Ă ce que la Suisse livre (indirectement) des armes rĂ©sulte dâune pesĂ©e des intĂ©rĂȘts, dont lâĂ©lĂ©ment essentiel est, que les VERT-E-S sâappuie sur la neutralitĂ© diffĂ©renciĂ©e de la Suisse[1], qui distingue la neutralitĂ© politique de la neutralitĂ© militaire :
- La neutralitĂ© politique nâest pas liĂ©e Ă des normes juridiques. Elle donne Ă la Suisse le droit de prendre position et de coopĂ©rer au plan politique, ce qui lui permet de dĂ©fendre ses valeurs fondamentales, comme la dĂ©mocratie, lâĂtat de droit ou les droits humains. En aoĂ»t 2022, les dĂ©lĂ©guĂ©-e-s des VERT-E-S suisses ont adoptĂ© une rĂ©solution novatrice « Pour une politique extĂ©rieure suisse fĂ©ministe au service des droits humains et de la dĂ©mocratie», qui donne une interprĂ©tation progressiste du rĂŽle de la Suisse sur la scĂšne internationale.
- La neutralitĂ© militaire relĂšve du droit de la neutralitĂ©, dĂ©fini par le traitĂ© de La Haye et fait partie du droit international. En vertu de ce traitĂ©, la Suisse se considĂšre comme militairement neutre (tout comme lâAutriche, qui renonce Ă©galement Ă soutenir militairement lâUkraine). Le traitĂ© de La Haye est toujours en vigueur et lâUkraine y a adhĂ©rĂ© en 2015. Ce traitĂ© contraint les Ătats militairement neutres de traiter sur un pied dâĂ©galitĂ© les belligĂ©rants.
- La neutralitĂ© militaire de la Suisse lui donne davantage de possibilitĂ©s et de libertĂ© de soutenir lâUkraine et la population accablĂ©e par la guerre Ă lâaide de mesures spĂ©cifiques, comme de reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts ukrainiens en Russie selon un mandat de puissance protectrice:
Sur proposition du prĂ©sident ukrainien Zelenski, la Suisse a nĂ©gociĂ© avec son pays un accord pour un mandat de puissance protectrice (en all.) (que la Russie nâa pas (encore) approuvĂ©) en Ă©tĂ© 2022 dĂ©jĂ . - Les organisations internationales, telles que le CICR ou lâONU avec siĂšge en Suisse, sont tributaires dâune neutralitĂ© militaire crĂ©dible. Elles sont au service de la population des deux belligĂ©rants.
- En tant que dĂ©positaire des Conventions de GenĂšve, la Suisse a le rĂŽle et lâexpĂ©rience particuliĂšre de veiller au droit international et Ă ses accords et sur cette base de proposer ses bons offices et de promouvoir la paix Ă lâĂ©chelle internationale.
Aux yeux des VERT-E-S, ces possibilitĂ©s â en faveur de lâUkraine et de sa population â pĂšsent davantage que lâabandon de la neutralitĂ© militaire pour lui livrer indirectement quelques armes.
Nous sommes rĂ©ticent-e-s dâassouplir la loi fĂ©dĂ©rale sur le matĂ©riel de guerre et nous considĂ©rons le principe mĂȘme dâen exporter comme problĂ©matique : en effet, en raison des lacunes lĂ©gislatives, du matĂ©riel de guerre suisse ne cesse de jouer un rĂŽle-clĂ© dans des guerres civiles ou des conflits para-Ă©tatiques. Raison de plus pour que la Suisse sâen tienne Ă une loi trĂšs strict en la matiĂšre.
La neutralitĂ©, (pas) un principe dâavenir ?
Les questions essentielles suivantes restent lĂ©gitimes : la neutralitĂ© est-elle encore dâactualitĂ© ? si oui, comment lâinterprĂ©ter ? la Suisse doit-elle rester (militairement) neutre ? Au lieu dâanticiper la rĂ©ponse Ă ces questions de principe par des considĂ©rations Ă court terme, la Suisse doit mener une discussion sĂ©rieuse Ă moyen et long terme, qui intĂšgre non seulement la politique sĂ©curitaire concrĂšte, mais inclut le rĂŽle de politique extĂ©rieure de la Suisse. Câest ainsi que les VERT-E-S vont poursuivre au cours de 2024 une discussion dans leurs rangs. Notamment en vue dâun rapprochement urgent avec l’Union europĂ©enne, que nous sommes le seul grand parti Ă faire progresser grĂące Ă lâ« initiative Europe ».
[1] Source : Département fédéral des affaires étrangÚres (DFAE), La neutralité suisse, 2022
Nous voyons les choses autrement : Certain-e-s Vert-e-s défendent une autre position
Au sein des VERT-E-S, toutes les personnes ne voient pas les choses de la mĂȘme maniĂšre au sujet de la rĂ©exportation indirecte d’arme. Vous trouverez ici les arguments en faveur des exportations indirectes d’armes :